Au-delà de l'aspect dramatique d'une telle réalité, il s'agit-là d'une situation tout à fait paradoxale dans la mesure où l'animal n'est pas sujet au braconnage ni à toute autre forme de chasse massive. Alors que partout dans le monde, de grandes recherches s'organisent et des efforts remarquables, aussi bien physiques que financiers, sont prodigués aux fins d'explorer d'avantage les secrets de la vie des espèces animales et de sensibiliser les populations à la nécessité de les préserver mais les raisons de faire autant chez nous malheureusement ne semblent agir que sur l'esprit d'une poignée d'écologistes autonomes, le plus souvent dépourvus de pouvoir. La population sauvage du magot vivant actuellement en Algérie est estimée à moins de 6000 individus, alors qu'au Maroc, quelque 10 000 individus peuplent encore les forêts de cèdre des Hauts-Atlas. Le magot du Djurdjura se distingue de ses semblables d'autres régions par la singularité de son comportement presque assimilable à un «régime social» chez les humains. Pour l'exemple, un membre qui enfreint les règles est isolé par le groupe et si par malheur, il s'aventurerait à apprivoiser l'homme ou s'imprégner de son odeur, il serait battu à mort. Un comportement protectionniste qui dénote aussi d'une certaine fierté que cultive cette espèce. Une étude menée par un club écologiste amateur, ayant consisté à localiser et répertorier les communautés de magots à travers la partie sud du Parc national du Djurdjura, située dans la wilaya de Bouira, a révélé ce nombre approximatif de 200 individus vivant en communautés de 10 à 15 membres éparpillés à travers le massif, dont près d'un tiers vit désormais confiné près des zones touristiques où le climat est généralement favorable et l'eau et la flore abondantes. Cependant, sa fixation autour de ces endroits est jugée préjudiciable par les spécialistes, du fait de la fréquentation de l'homme qui mène à l'altération de l'instinct sauvage chez l'animal. En plus de la prédation qui constitue un régulateur naturel de son existence, le lent rythme de reproduction du magot et la réduction de son milieu de vie consécutive à la déforestation et à l'envahissement par l'homme des milieux sauvages sont autant de facteurs favorables à sa disparition. Acculé dans un territoire de moins en moins suffisant pour son épanouissement, le macaque est en proie à une kyrielle de périls que son seul instinct naturel est incapable de vaincre. Le massacre de la forêt et la rareté de la base alimentaire, qui s'en est suivie, poussent le magot à aller chercher sa nourriture hors de son territoire habituel. Ce qui l'expose à un danger d'un genre inédit : la chasse ! Car, ne se contentant pas de se nourrir, l'animal fait accompagner son acte d'une agressivité phénoménale qui se manifeste à travers la destruction systématique des champs et vergers qu'il visite, une sorte de rétorsion, on dirait, à l'égard de l'homme, principal responsable de son malheur. Au vu de toutes les menaces citées, il est prévisible que, dans peu de temps, vingt ans peut-être, ou même avant, la réserve du Parc en cette merveilleuse espèce soit complètement épuisée, à moins qu'un intérêt particulier lui soit accordé, que de sérieuses mesures soient prises par l'Etat afin de juguler le fléau. A ce titre, il conviendrait, en définitive, de mener de vastes campagnes pour sensibiliser à la protection des espèces et au respect de l'environnement d'une manière générale et partant concevoir un plan de protection efficace duquel devront faire partie un dispositif juridique efficient et un enseignement orienté vers la préservation de l'écosystème.