Six ans après la mise en application de la réforme du système éducatif, le ministre de l'Education nationale fait son mea-culpa. Il a confirmé hier l'inadéquation entre le contenu des programmes d'enseignement et le volume horaire. Pourtant, depuis six ans, les parents d'élèves et les élèves eux-mêmes ne cessent de l'interpeller sur cette question. Ils ont même observé des sit-in et organisé des manifestations pour revendiquer l'allégement des programmes, en vain. Il a fallu attendre 2009 pour que le ministre décide d'ouvrir ce dossier afin de corriger une étude mal conçue. « Est-ce que les pédagogues ayant confectionné ces programmes n'ont pas étudié tous les aspects nécessaires ? Pourquoi avoir attendu six ans pour revoir dans le fond et la forme la répartition du contenu des programmes ? », s'est interrogé un syndicaliste qui a pris part, hier, au séminaire national organisé par le ministère de l'Education et portant sur l'allégement des programmes d'enseignement. Tous les participants à cette rencontre – notamment les représentants de syndicats, les directeurs d'établissement, les inspecteurs – ont qualifié de « positive » la décision prise par le département de Benbouzid d'alléger les programmes. A l'ouverture des travaux de ce colloque, le ministre a expliqué qu'il s'agit là d'une opération visant à compacter le contenu des programmes de façon à les adapter au volume horaire. De son avis, il faut veiller à la suppression des chapitres sans perdre de vue ceux qui suivent. « Au niveau du secteur de l'enseignement, on parle "d'unité" et non de "discipline". » « Si une unité peut être enseignée en deux heures de temps, pourquoi lui consacrer quatre heures ? » « Les changements apportés au programme nous permettent de corriger certaines aberrations », a soutenu M. Benbouzid, qui a insisté sur la nécessité de répartir le contenu des programmes sur les 32 semaines d'enseignement exigées par loi d'orientation et non pas sur 28 semaines. Sur ce chapitre, le ministre de l'Education menace de sévir et demande aux inspecteurs d'assumer pleinement leurs responsabilités en faisant leur travail de contrôle et d'inspection. Les examens de fin d'année, note l'orateur, doivent être programmés au début du mois de juin et non durant le mois de mai. « Le mois de mai doit être consacré entièrement à l'enseignement et les inspecteurs doivent veiller à ce que cette décision soit appliquée sur le terrain. Je vais exiger des directeurs des établissements scolaires des comptes rendus sur ce point et à partir de 2010, l'année scolaire sera prolongée jusqu'au 5 juillet », a averti M. Benbouzid, qui ne nie pas que ce sont les parents d'élèves qui ont attiré son attention sur ce sujet en faisant part de la lourdeur des programmes d'enseignement. S'agissant des élèves qui ne peuvent pas assimiler un cours en deux heures de temps ou un chapitre en une semaine, le ministre estime que son département a initié les cours de soutien pour y remédier. « Dans le nouveau programme, nous ferons en sorte d'évacuer toute les redondances et d'orienter l'enseignant de façon à ce qu'il ne s'attarde pas sur un chapitre au détriment d'un autre », a-t-il annoncé. Par ailleurs, abordant le problème du manuel scolaire, le ministre de l'Education a annoncé que l'Office national des publications scolaires (ONPS) avait décidé de réduire de 10% les prix des ouvrages, tous paliers confondus, à partir de la prochaine rentrée scolaire. Il a en outre annoncé la disponibilité de 60 millions de manuels pour couvrir les besoins de la prochaine année scolaire, ajoutant que 95% des livres ont été réceptionnés par les établissements scolaires à l'effet de leur distribution aux élèves. M. Benbouzid a réaffirmé que le manuel scolaire « devait être remis à titre gracieux à tous les élèves démunis ainsi qu'à tous les enfants d'instituteurs et d'enseignants », soulignant que l'Etat débourse 6,5 milliards de dinars par an pour sa distribution gracieuse. Concernant les parents qui refusent d'inscrire leurs enfants ayant atteint l'âge de six ans à l'école, le ministre envisage de saisir dans les prochains jours la justice. « Nous avons la liste de ces enfants et nous allons traduire leurs parents devant les tribunaux », a indiqué M. Benbouzid, qui a invité les responsables du secteur à proposer, en cas de nécessité, des dates pour les départs en vacances scolaires autres que celles en vigueur. L'autre mesure prise par le secteur de l'éducation est la suppression du tableau noir et de la craie, qui ne seront plus utilisés dans les établissements du cycle primaire à partir de la prochaine rentrée scolaire, comme c'est déjà le cas dans les lycées et CEM.