Après une année de cours théoriques, accompagnés de plusieurs stages pratiques et de presque trois années consacrées à l'élaboration des mémoires de fin d'étude, ces journalistes scientifiques, diplôme de post-graduation à la main, font aujourd'hui du porte-à-porte pour s'inscrire en première année de doctorat, mais cela relève de l'impossible pour eux. Rencontrés, ils ont exprimé leur ras-le-bol d'une situation qu'ils qualifient d'absurde, car ce qui leur arrive est incompréhensible, du moins au regard des textes qui régissent cet aspect pédagogique de l'enseignement supérieur dans les universités algériennes. «Etre diplômé du grade de magistère dans n'importe quelle spécialité, cela sous-entend, être éligible, si vous avez une moyenne supérieur ou égale à douze sur vingt, à une inscription en première année de doctorat. Malheureusement, cela n'est pas notre cas», s'est exprimé avec regret un diplômé en journalisme scientifique de l'université de Blida. «Je n'ai jamais entendu parler d'une spécialité dont le cursus d'études et de recherche s'arrête subitement et sans préavis au niveau du grade de magistère, sans la possibilité de continuer la recherche dans le cadre d'un doctorat. Je crois que là, dans notre cas, c'est une première dans l'histoire de l'université algérienne. Cette prouesse, il faut l'inscrire dans les annales des situations insolites», ironise un autre diplômé. Signalons que la spécialité de «journalisme scientifique» a fait son apparition en Algérie il y a de cela 4 ans. A l'époque, les responsables de l'université de Blida avaient lancé cette spécialité, en collaboration avec l'université de Lille (France) et celle d'Alger. «C'est une première à l'échelle maghrébine et on va mettre le paquet pour former des spécialistes en journalisme scientifique, lesquels vont former, à leur tour, des journalistes spécialisés en sciences car l'avenir de la presse est la spécialisation», telles étaient les déclarations des responsables de l'université de Blida à l'époque. Aujourd'hui, le recteur de l'université et son staff ne sont plus les mêmes. Résultat : ce projet est tombé à l'eau sans qu'il soit optimisé à travers le lancement de doctorat. Il a «bouffé» énormément d'argent depuis son lancement sans pour autant arriver au but escompté. Nous apprenons, par ailleurs, que plusieurs tentatives émanant des post-gradués concernés auprès de la faculté des sciences de l'université de Blida pour entamer des sujets de doctorat, dans l'axe de recherche de l'histoire des sciences, ont échoué pour le moment, en raison, nous dit-on, du manque d'un cadre légal de domiciliation officielle de cette nouvelle spécialité au sein d'un département reconnu dans la nomenclature de la carte universitaire nationale. Encore un autre gâchis, au regard de la qualité des travaux de recherche journalistique élaborés dans le cadre de cette spécialité et pour lesquels la mention de «travail publiable» a été donnée par les enseignants de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille), à la plupart des thèmes réalisés. Cette formation de longue durée a mobilisé des moyens conséquents, sans pour autant, affirme un responsable qui a voulu garder l'anonymat, avoir tiré profit des compétences formées. Avec le démarrage de l'Ecole supérieure de journalisme de Ben Aknoun et la création du département de journalisme scientifique, ces diplômés infortunés espèrent pouvoir s'inscrire en première année de doctorat dans le cadre de l'école doctorale. Des promesses ont été données aux concernés par un responsable de cette école, quant à la possibilité de les prendre en charge à partir de l'année prochaine.