Dans cette cité semi-rurale, tous les facteurs sont depuis longtemps réunis pour l'expression d'un ras-le-bol généré par la malvie et l'indifférence affichée par les autorités communales aux appels de détresse de la population. Les difficultés vécues sont la conséquence d'une situation d'un laisser-aller total dans la gestion du quotidien des citoyens de cette localité qui vivent dans des conditions exécrables. Anciennement Joannonville, Seybouse est située à 4 km de Annaba; 48 années après l'Indépendance, le poids de la période coloniale est toujours présent. Eté comme hiver, les quelque 3 000 familles qui y habitent, la majorité depuis plus d'une cinquantaine d'années, vivent dans la misère, les pieds dans l'eau ou dans une boue nauséabonde et au contact des maladies. «J'habite cette cité depuis une cinquantaine d'années. Chômage, drogue et violence caractérisent le quotidien de nos jeunes. Les plus sages pratiquent la pêche à l'image de leurs parents avec leurs propres moyens cependant, ce qui leur permet quelques menus revenus. Nous ne croyons plus en les promesses des autorités», déclare Boughanem Ali, un vieux pêcheur rencontré au bord de la plage de sa cité. Au milieu d'anciennes habitations datant de la période coloniale, de nouveaux logements ont été réalisés il y a une décennie, d'autres ont été réceptionnés récemment, mais ces realisations n'ont rien changé. Quant aux logements évolutifs, les règles techniques de construction ont été bafouées si bien que la moindre averse met à nu toutes les imperfections et les malfaçons. La réalisation de logements sociaux n'a rien changé. De bidonville constitué de plusieurs milliers de baraques, Seybouse est devenu un bidonville construit en dur grâce à des opérations improvisées ou de conjoncture. L'état lamentable de ses routes et les multiples éclatements d'égouts ont fait que cette cité a perdu de son éclat. L'on est loin des ambitions affichées par les élus de prendre en charge tous ses problèmes du moins les plus importants. Des habitants affirment: «La cité Seybouse notamment au niveau des 100 et 450 logements a été toujours marginalisée par ceux qui ont la charge de sa gestion. Elle est caractérisée par l'absence d'hygiène avec des ordures qui jonchent en permanence les rues, générant ainsi l'invasion de moustiques à longueur d'année. Les rongeurs et autres bestioles nuisibles sont également les hôtes permanents de nos immeubles; les eaux usées côtoient les fuites d'eau potable dans les rues, ce qui présente un risque de maladies à transmission hydrique. Bien que saisie, notre commune tarde à intervenir à telle enseigne que des vaches paissent dans les ordures aux côtés de chiens érrants.» Animé de civisme, plusieurs habitants de cette cité organisent périodiquement des campagnes de nettoyage de leurs quartiers, en attendant mieux de leurs élus.