Le FLN n'est pas sorti de la zone de turbulences. L'opération de préparation de son 9e congrès, entamée avec l'installation des commissions préparatoires de wilayas, suscite déjà des inquiétudes des uns et aiguise les appétits des autres. Certains craignent leur exclusion qui est, à leurs yeux, programmée et les autres ne songent qu'à se placer avant de s'emparer des meilleurs postes dans la prochaine direction de l'ex-parti unique. En effet, de nombreux militants manifestent, depuis le début de la semaine en cours, leur colère contre ce qu'ils appellent « une volonté de l'instance exécutive du FLN, à sa tête le secrétaire général Abdelaziz Belkhadem, de favoriser l'accession de nouveaux militants à des postes de responsabilité ». Les séquelles de la violente crise qui avait déstabilisé le parti en 2004 sont encore visibles. Et pour cause, la rivalité entre les pro-Ali Benflis (ancien secrétaire général du FLN) et les « redresseurs » qui ont réussi à le destituer est toujours de mise. « La direction du parti veut faire du 9e congrès une dernière étape pour l'exclusion de tous les anciens militants. Il y a un malaise au niveau de la base », soutient Abbas Mekhalif, ancien président du groupe parlementaire du FLN et proche de Ali Benflis. Quelles sont les raisons d'un tel malaise ? Notre interlocuteur en cite plusieurs. « Il y a une volonté de propulser aux postes clés du parti des personnes qui ne sont militants du FLN que depuis 2004. Ce sont des opportunistes qui ont participé avant cette date à la création d'autres partis. Les anciens militants craignent d'être exclus », dit-il. Selon lui, le lancement de l'opération de préparation du congrès avant d'assainir la situation organique du parti consacrera l'illégitimité. « Avant d'installer les commissions préparatoires du congrès, il fallait d'abord procéder à la restructuration des instances locales. Plusieurs mouhafadh sont désignés par la direction. Aller vers un congrès sans organiser des élections pour élire de nouveaux mouhafadh serait synonyme d'illégitimité », lance-t-il. Après le 8e congrès bis, ajoute-t-il, plusieurs personnes ont été élues au conseil national et au niveau de l'instance exécutive alors qu'ils ne remplissaient pas les conditions légales exigées dans les statuts du parti. « Un tiers des personnes élues au niveau de l'instance exécutive n'a pas 10 ans de militantisme au sein du FLN, alors que près de 200 membres du conseil national n'ont pas milité pendant 7 ans dans le parti, comme exigé par les statuts », explique-t-il. Pour notre interlocuteur, la direction du parti est appelée à résoudre tous ces problèmes avant d'entamer la préparation du congrès, prévu en mars 2010. « Nous sommes en contact avec les militants au niveau national et nous n'allons pas nous taire sur toute tentative d'exclusion », avertit-il. En tout cas, la protestation a déjà commencé dans plusieurs wilayas. Interrogé à ce sujet, Saïd Bouhedja, chargé de communication du FLN, estime que cette situation n'a aucune relation avec le congrès. Pour lui, les protestations des militants dans certaines wilayas sont relatives à l'opération de renouvellement des structures locales. « Pour la préparation du congrès, le travail se fait dans la sérénité. Nous n'avons l'intention d'exclure personne, sauf celui qui s'exclue lui-même », précise-t-il. Le mécontentement des militants dans certaines wilayas a une relation avec le renouvellement des instances locales (les kasmas et la mouhafadhas). « Neuf wilayas sont concernées par cette opération. Notre but est de démocratiser les structures en y organisant des élections libres avec la participation de tous les militants », indique-t-il. Selon Saïd Bouhedja, même l'installation des commissions préparatoires est gelée dans les neuf wilayas en question, en attendant l'élection de nouveaux responsables.