C'est bel et bien vous, M. Mandela. Ni le «saint pauliste» poulpe du Vieux continent, ni le perroquet pronostiqueur d'Asie, ni même les exploits des jeunots héritiers du football total ne peuvent faire oublier le Lion africain. Oui, du haut de ses 92 ans, il est venu illuminer encore davantage cette réussite de l'organisation sud-africaine. Il est venu et il a vaincu. Il y a moins d'un quart de siècle, des rétrogrades disaient que ce peuple n'en était pas un. «Dites non au racisme», a rappelé encore la FIFA comme un élève parmi tant d'autres. Merci d'être venu redire au monde, à travers votre superbe sourire et votre intarissable sagesse que le monde est plus que du jeu, du beau jeu et du très beau jeu. C'est d'abord la vie, ensuite la vie et toujours la vie. Vous qui avez perdu un membre de votre famille au début de ce mois de rêve mondial, vous avez vite surmonté l'épreuve et vous êtes revenu redire au monde toute votre force. La force d'un être humain que nulle douleur ne peut dévier de cet idéal de liberté. Oui, je sais que votre âge, celui d'un père, d'un grand-père et arrière-grand-père, n'a pu avoir raison de votre immense intérieur. Le football, avez-vous décidé de résumer, n'est, comme la vie, que du beau jeu. Sans la bêtise. Toutes les bêtises. Sur tes terres, de nouveaux peuples ont pu rêver. Le trio habituel de ces rendez-vous (Brésil, Allemagne et Italie) n'était plus là. Sacré Mandela, votre pays a honoré le monde du foot. Le sacre final est revenu à l'ensorceleuse España. De «Mes un club» (Plus qu'un club), la machine footballistique barcelonaise a pris des galons pour se muer en «Mes que una seleccion». Oui, cette équipe d'Espagne mérite largement son sacre mondial, deux années après son triomphe européen. Bravo La Roja. Dommage que le mauvais sort soit encore tombé sur l'attractive Hollande. Ah, la Hollande ! Ce pays a volé haut en cette année 2010, comme en 1974 et en 1978, mais il sort encore profil bas. Pour la troisième fois de leur histoire, les génies du foot néerlandais se font battre si près du but, si près de la gloire. Plus que l'ex-Tchécoslovaquie et la légendaire Hongrie, les Pays-Bas perdent plus que deux finales de Coupe du monde. Ils en sont à trois, les malheureux ! Mais, ils ont été, encore une fois, sportifs, en dépit d'une rage de jouer qu'ils ont copiée sur les voisins germaniques. Bravo les Oranje ! Je sais, l'humaniste Mandela s'en moquerait de savoir qui du Brésil, de l'Argentine, de l'Uruguay, de l'Allemagne de la Hollande ou de l'Espagne allait gagner cette Coupe du monde. La plus grande victoire est celle du peuple sud-africain. De Mandela à Zuma, ce pays a fait des pas sûrs et s'éloigne sereinement du racisme, de l'instabilité et de la pauvreté dans le sens le plus large. Man…de…la, l'homme qui donne le la, qui montre la voie et qui, même confiné en prison des décennies durant, a donné de la voix, a brisé la loi des sans-foi. La bêtise pesante de l'apartheid. Depuis que vous avez été libéré, Soweto, Le Cap a trouvé la bonne espérance et l'a montrée à la face du monde en ces mois de juin et juillet 2010. Durban, Johannesburg et Pretoria ont retrouvé la joie. Vous et votre peuple êtes grands, M. Mandela. Les Bafana-Bafana éliminés dès le 1er tour de cette compétition de football, vous vous êtes rangés derrière le Ghana pour la «Mama Africa». C'est aussi cela la grandeur des Africains qui, après la sortie pas tout à fait méritée des jeunes Ghanéens, se sont retrouvés à aimer toutes les autres équipes quel que soit leur continent. N'êtes-vous pas la nation arc-en-ciel ? Perçu au préalable comme un brouhaha et un son assourdissant, le monde regrette déjà le silence des vuvuzelas, la beauté et la bonté de South Africa. Pour tout cela, un citoyen du monde vous dit grand merci à VOUS Monsieur Mandela. VOUS avez fait honneur à l'Afrique. VOUS incarnez le free world. Je VOUS écris d'un pays que vous connaissez. D'un pays qui connaît votre immense valeur. From Algeria. Thank You. Joyeux anniversaire M. Mandela (né le 18 juillet 1918). Comme ce mémorable match que vous avez honoré de votre présence, pourvu que vous alliez en prolongation (jusqu'à 120 ans) !