Pour le visiteur, une promenade dans les localités de la wilaya d'Oran suffira à lui faire comprendre l'anarchie qui règne dans le commerce où l'informel semble avoir résolument pris le dessus. Le marché de Mdina J'dida est, on ne peut plus, illustratif. Malgré le discours rassurant des responsables sur l'organisation de ces espaces, la réalité est tout autre. De nouveaux espaces sont investis chaque jour par les as de l'informel, les vendeurs à la sauvette. Sur la plupart des artères situées aux alentours des marchés, on s'aperçoit que l'anarchie s'est érigée en maîtresse des lieux, même à l'intérieur des marchés, désormais vides de tout commerçant, où les autorités se déclarent impuissantes, le consommateur est tenu de payer les prix affichés qui ne sont régis par aucune loi, aucun règlement, ni aucune conscience. Le pain se vend à même le trottoir, les dates de péremption des conserves ne sont pas indiquées. Le passage dans ces marchés se conjugue avec les risques d'agression et de vol. Toutes les pratiques sont tolérées et tout se vend : jus, denrées, pain, vêtement, légumes, viande, œufs, beurre. L'espace public est accaparé les vendeurs de portables et d'oiseaux. Le problématique détournement de situation est suivi d'appropriation des espaces publics au niveau des marchés en face de l'APC, des kiosques et des cafés. Parfois, des bagarres éclatent en plus du danger pour les piétons, des trabendistes issus de générations aux mentalités différentes que la crise du travail a réussi à pousser à l'informel et à se disputer ces lieux de vente. Et, le plus fort règne en maître absolu. Des véhicules circulent dans tous les sens. Les lieux sont envahis d'immondices de toutes sortes, les ordures à même la chaussée causant des préjudices aux passants. Un marché couvert à 200 m ne peut contenir ce nombre impressionnant de commerçants affichant des prix excessifs. Entre le formel et l'informel, c'est le silence. Le service du commerce est aux abonnés absents. La prolifération des marchés parallèles pose aussi le problème de l'insécurité dans les artères commerciales. C'est également l'évasion fiscale. Les pouvoirs publics ne sont pas venus à bout et ce, en dépit des différentes campagnes menées et les mesures annoncées çà et là. On annonce, comme alternative à l'éradication des marchés informels, la réalisation de nouvelles structures commerciales. Mais, cette mesure n'est pas pour demain. Les APC, quant à elles, ne jouent pas le jeu. Le marché parallèle échappe au contrôle des prix. La qualité, l'origine et le circuit de distribution des produits vendus dans ces lieux deviennent carrément le nœud de ce phénomène où la contrefaçon évolue en toute impunité. Les prix affichés dans ces espaces semblent attirer les consommateurs « complices » de la dégradation du pouvoir d'achat de larges pans de la population. On ne peut pas parler de lutte contre le secteur informel sans parler, au préalable, de la lutte contre le phénomène du chômage car les deux sont intimement liés. Le marché informel est une des conséquences du chômage qui mine la vie d'une jeunesse frappée par l'oisiveté et le manque de perspectives.