Quelles seraient les retombées du gazoduc transsaharien sur les économies des trois pays concernés par ce mégaprojet ? Il est prématuré de porter un jugement sur les retombées économiques du projet de gazoduc transsaharien sur les pays et les parties concernés dans la mesure où rien n'a été révélé ou publié à ce jour sur les données spécifiques de la transaction telles que le prix de cession du gaz nigérian, le coût du transport entre le Nigeria et le point d'entrée du gaz sur le marché européen, y compris les taxes de transit sur les tronçons nigérien et algérien, les conditions et l'étendue de la participation des sociétés internationales au projet, et les modalités de répartition des investissements, des risques et des profits éventuels. Il est clair, cependant, que l'Algérie et Sonatrach auraient tout à gagner d'un tel projet, ne serait-ce que parce qu'il leur permettrait d'optimiser l'infrastructure nationale d'exportation dont la capacité globale (GNL + gazoducs) sera de l'ordre de 100 milliards de mètres cubes, pour un objectif de vente de 85 milliards de mètres cubes (à supposer que nos réserves prouvées soient en mesure de soutenir un tel objectif tout en répondant aux besoins des générations futures). Le projet qui permettra d'acheminer plus de gaz vers l'Europe lui servira-t-il pour régler le problème de diversification de ses sources d'approvisionnement ? Il est clair que l'Europe, obsédée par le problème de la sécurité de ses approvisionnements gaziers, favorisera la réalisation du projet et soutiendra vraisemblablement son financement, mais uniquement si le gaz est livré à sa frontière à un prix compétitif, ce qui n'est pas encore démontré. Il est clair aussi qu'en dehors des considérations politiques en jeu, le Nigeria ne s'engagera définitivement dans le projet que dans la mesure où, tout compte fait, il recevra pour son gaz un prix comparable à celui qui résulterait d'une vente sous forme de GNL.