Le projet de gazoduc algéro-nigérian le Trans-Saharian Gas-Pipeline (TSGP), destiné à acheminer 20 à 30 milliards de m3 de gaz nigérian à l'Europe, a été déclaré "viable" économiquement, socialement et écologiquement, par les nombreux participants au séminaire sur le lancement de ce mégaprojet, lundi à Bruxelles. Selon le commissaire européen à l'énergie, M. Andris Piebalgs, ce gazoduc va assurer, au plan économique, un appoint considérable aux besoins énergétiques de l'UE, dont la dépendance en gaz sera de 85% en 2030, en raison de la croissance de la demande (1,9% par an jusqu'en 2020 au moins), et le déclin de la production interne de l'Europe. En effet, l'Europe, importera 330 milliards de m3 de gaz en 2010 (pour une consommation de 536 milliards de m 3) ce qui nécessitera des investissements importants en matière d'infrastructures de transports, des stations de compressions et des terminaux. Dans ce contexte, le TSGP d'un coût de 10 milliards de dollars, qui doit acheminer 20 à 30 milliards de m3 de gaz par an, répond à la fois au souci de l'UE de renforcer la sécurité et la diversité de ses approvisionnements, et permettre la mise en œuvre de sa politique à l'égard de l'Afrique en matière énergétique et d'infrastructures. L'intérêt de l'UE qui apporte son "soutien indéfectible" au TSGP, a ajouté Piebalgs, est de concrétiser le renforcement de sa coopération avec les pays voisins, dont l'Algérie le 3e fournisseur de l'UE. L'UE, selon Piebalgs, encouragera les institutions financières internationales, dont la Banque européenne, d'investissement, à se lancer dans ce projet, une fois "précisées les modalités d'accès à ce projet". D'autant que ce projet, considéré prioritaire par le Nepad, répond aussi à la politique de développement de l'Afrique appuyée par l'Europe, en termes de revenus, d'infrastructures et d'effets induits par cette source d'énergie disponible et accessible dans les régions des pays de transit (Nigeria, Niger Algérie) et les pays voisins. Outre, la construction de ce gazoduc, il est prévu la réalisation de la Transsaharienne (Algérie-Nigeria) et un réseau de télécommunications en fibre optique de plus de 4000 km, parallèle au gazoduc. Situé à la croisée des politiques européenne et africaine, le TSGP que mettent en œuvre deux pays, le Nigeria et l'Algérie, qui détiennent deux tiers des réserves de gaz prouvées en Afrique, coïncide également avec la position du G8 qui, lors de son dernier sommet, a prôné le renforcement de la coopération régionale basée sur les résultats. Le projet du TSGP a été considéré par la Banque mondiale et par la commission économique de ONU pour l'Afrique, comme "viable" et confortant la "position de l'Afrique comme source d'approvisionnement stratégique pour l'Europe", a indiqué M. Khelil. Aussi, le ministre algérien a-t-il invité directement les représentants de l'industrie gazière, des institutions européennes et internationales, les banques, présents à la conférence de Bruxelles, à "s'engager dans la concrétisation de ce projet, symbole de la coopération internationale, aux retombées économiques majeures pour les deux régions concernées". Par ailleurs, le ministre nigérien des Mines et de l'Energie, Mohamed Abdoullahi, a indiqué que dans les prochaines semaines, une réunion des experts des trois pays concernés (Nigéria, Niger, Algérie) se tiendra à Niamey pour déterminer la participation de chaque pays. Cependant, certains spécialistes n'excluent pas que l'Algérie pourrait se porter acquéreuse de tout (ou partie) du gaz nigérian destiné à l'Europe, qu'elle se chargera d'exporter, voire de commercialiser en Europe.