Depuis le 3 juillet 2009, le projet du gazoduc transsaharien est officiellement lancé et sa date d'entrée en production fixée pour 2015. Le Trans Saharan Gas Pipeline (TSGP) transportera annuellement entre 20 et 30 milliards de mètres cubes dès sa mise en marche. Celui-ci alimentera alors l'Europe en gaz à partir du Nigeria, traversera le Niger puis l'Algérie. Un méga-projet autour duquel de multiples discussions ont eu lieu depuis de nombreuses années entre les trois pays concernés et qui aujourd'hui est scellé par un accord ferme signé à Abuja, au Nigeria. Le projet ambitieux semble prometteur en termes d'approvisionnement de l'Europe et intéresse d'ores et déjà de nombreuses grandes compagnies pétrolières, dont le français Total, le russe Gazprom, le britannique Shell et l'italien Eni, qui décèlent dès à présent les potentialités et les retombées financières qui découleraient à terme de ce gazoduc jugé pourtant, au départ, complexe et coûteux, et aujourd'hui, politiquement délicat dans une région sujette, depuis 2006, à de nombreux troubles. Quelques heures après la signature de l'accord intergouvernemental tripartite pour le lancement du gazoduc, le principal mouvement armé du sud du Nigeria, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND) a menacé de saboter le projet. « Tout argent placé dans ce projet sera jeté par les fenêtres, car nous ferons en sorte qu'il subisse un sort identique à celui que subissent aujourd'hui les autres gazoducs », a affirmé le MEND. Des menaces, qui ne semblent pas tarir l'ardeur des promoteurs du projet qui, après des années de pourparlers et d'études, sont enfin face à un projet concret, qui donnera un nouveau relief au paysage gazier en Afrique et fait miroiter des dividendes très conséquentes pour les économies des pays concernés. Tête de pont énergétique Depuis 2003, l'Algérie, qui n'en est pas à son coup d'essai pour ce qui concerne les projets d'envergure pour le transport du gaz, poursuit inlassablement ses efforts pour faire aboutir un projet qu'elle considère très rentable et qui, ajouté aux autres projets gaziers achevés ou en cours d'être livrés, doteront le pays d'un potentiel important et augmenteront les capacités d'approvisionnement de l'Europe. Déjà, au tout début du lancement de l'idée du projet en 2003, le ministre de l'Energie et des Mines annonçait la couleur en déclarant que l'Algérie veut renforcer encore le rôle de « tête de pont énergétique » qu'elle entend assumer entre l'Europe et le continent africain. En 2008, le ministre, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse organisée en marge de la conférence des ministres de l'Energie des pays de l'Union africaine (UA) à Alger, a indiqué que la réalisation de ce grand projet structurant « va générer des ressources financières supplémentaires au Nigeria, alimenter quelques régions de Niger en gaz et aura des répercussions positives sur l'Algérie sur les plans économique et politique ». Les principaux partenaires du projet ont, par ailleurs, dès le lancement de l'idée dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), mis de l'avant la rentabilité du projet prouvée grâce à une étude économique d'environnement et de risque commandée à un bureau d'études anglais par la Sonatrach et la compagnie nigériane, Nigerian National Petroleum Corp (NNPC). Un investissement entre 10 et 12 millions de dollars Le contrat d'un montant de 2,04 millions de dollars signé au mois de mai 2005 entre la société britannique de consulting Penspen IPA et les compagnies Sonatrach et NNPC a permis en 2006 de démontrer la viabilité technico-économique du projet. L'étude a concerné le marché et les ressources, l'aspect économique et financier, l'engineering et l'infrastructure nécessaire au pipeline ainsi que l'étude des impacts environnementaux. Le gazoduc nécessitera un investissement estimé entre 10 et 12 milliards de dollars et les initiateurs du projet dont 90% des parts sont détenues par Sonatrach et NNPC et 10% par le Niger ont déjà démarché jusqu'en Europe pour trouver des partenaires. En 2008, une rencontre avait été organisée à Bruxelles auprès de la Commission européenne (CE) pour expliquer la portée du projet aux principaux pays consommateurs et trouver des investisseurs intéressés. Selon des déclarations de Chakib Khelil, l'Algérie, le Nigeria et le Niger « pourraient décider de donner une partie de leur part à quelqu'un d'autre ». Cette part est estimée à « environ 20%, soit 2 milliards de dollars » à raison de « 2 ou 3% pour chaque participation », selon le ministre de l'Energie et des Mines. Repères - Le Trans-Saharan Gas Pipeline (TSGP) de 48 à 56 pouces, s'étendant sur 4128 km, dont 1037 sur le territoire du Nigeria, 841 km à travers le Niger et 2310 km en Algérie, pourrait transporter 20 à 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel vers l'Europe dès 2015. Le projet prévoit la construction d'une vingtaine de stations de compression. Il aboutira dans sa partie onshore, soit à Beni Saf, à l'Ouest, soit à El Kala à l'Est. Le montant total de cet investissement s'élève à 12 milliards de dollars. Près de 5 à 6 millions d'emplois pourraient être créés dans les trois pays.