Plus que quelques jours nous séparent du mois sacré du Ramadhan et déjà les spéculations vont bon train sur le prix du kilogramme de la pomme de terre dans la wilaya de Aïn Defla, berceau du tubercule indispensable sur la table ramadhanesque. Si les prix des fruits et légumes connaissent, ces derniers temps, une hausse exponentielle, on peut dire que celui de la pomme de terre oscillant entre 30 DA et 35 DA demeure relativement stable et actuellement à l'abri des manœuvres spéculatives enregistrées l'année écoulée durant la même période. A l'origine de cette situation, arguent les spécialistes, les mesures de soutien accordées aux agriculteurs dans le cadre de la nouvelle stratégie prônée par le département de Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture visant notamment à l'amélioration du secteur en termes de rendements avec comme priorité la réduction de la dépendance alimentaire vis-à-vis de l'étranger et la garantie de parvenir à moyen et long termes à satisfaire les besoins des populations locales, voire à l'exportation de nos produits agricoles. Dans cet ordre d'idées, on rappellera que la wilaya de Aïn Defla, qui dispose de potentialités agricoles importantes — sa superficie totale agricole (STA) étant estimée à 235 611 ha, soit 55,30% de sa superficie totale de l'ordre de 426 000 ha — est tenue de relever le défi consistant à atteindre les objectifs fixés dans ce sens, voire à aller au- delà des prévisions s'agissant de la production de la pomme de terre de saison. A noter que pour l'année courante, 8300 ha ont été semés, dont 7300 ha réservés à la pomme de terre de consommation et le reste pour la semence. Par ailleurs, il y a lieu de se rappeler de la période caractérisée par une tension sur le produit due à des facteurs naturels (conditions climatiques défavorables, maladies...), mais aussi d'ordre bureaucratique telles que les démarches contraignantes pour faire aboutir certaines doléances des agriculteurs, connaît une tendance à l'amélioration après l'entrée en vigueur du dispositif de régulation des produits de large consommation (syrpalac), dont l'application en date du 10 juillet 2008 a permis de mettre de l'ordre dans cette filière en tenant compte à la fois des préoccupations des agriculteurs et des consommateurs. Ainsi, la deuxième version du syrpalac 2, même si elle n'a pas suscité une totale adhésion de la part des agriculteurs de la wilaya de Aïn Defla, il y a lieu de souligner que l'entreprise publique CETRAD, chargée d'acheter et de stocker la production des fellahs, a su opérer un changement dans les méthodes de travail ou du moins à rompre avec des pratiques anciennes dont l'inefficacité a été prouvée, ont indiqué des sources proches du secteur. Ainsi, les opérations dans ce sens menées par tous les actants ont permis de stocker 29 000 tonnes de ce produit en deux étapes. Cette quantité permettra selon les responsables du secteur de maintenir le prix du tubercule à un niveau abordable durant le mois sacré sachant que l'opération de déstockage pourrait intervenir à une semaine avant le Ramadhan. Pour rappel, la wilaya de Aïn Defla qui réalise annuellement une production de pomme de terre de 3,5 à 4,5 millions de quintaux, alimente 33 wilayas, soit 30 à 35% du marché national, c'est dire l'importance de la réussite de tout le processus mis en place par les pouvoirs publics pour au moins regagner la confiance du consommateur mais également des producteurs. Ces derniers mis à rude épreuve pendant longtemps, ont tendance en effet à se diriger vers d'autres segments plus rentables, ce qui menace sérieusement la filière mais d'aucuns estiment que l'ère du changement dans ce secteur constitue un indicateur positif pour peu que tous les concernés soient sur la même longueur d'ondes.