La jolie carte postale que présentent les agences de voyages sur l'Algérie et les différentes destinations touristiques attirent beaucoup de monde. Mais les vacances n'ont pas la même saveur pour le commun des Algériens. Certains peuvent se payer des séjours dans de véritables petits paradis plein de charme, sur des plages au sable fin et à l'eau turquoise ; d'autres se contentent de leur décor quotidien. La côte est fréquentée par une ribambelle d'enfants et de jeunes en mal de loisirs et surtout de repères. Ils viennent pour noyer leurs frustrations et se « rincer l'œil », fréquentant même les plages interdites à la baignade. Les Algériens éprouvent de plus en plus la nécessité de se libérer temporairement du fardeau que représentent pour eux les contraintes quotidiennes (stress, problèmes physiques et psychiques). Le désir de partir, de changer de « décor », intervient comme une compensation de plus en plus nécessaire face au bruit des cités, à la monotonie et à la tension de l'activité professionnelle et au milieu de vie habituel auquel on aimerait échapper (fuite de la ville). La proportion de ceux qui partent en vacances stagne depuis quelques années. Parmi ceux qui ne partent pas, la majorité n'a pas pris de vacances en raison de contraintes financières principalement, mais aussi familiales, professionnelles et de santé et non par choix. Le niveau de vie reste le facteur le plus déterminant pour expliquer qu'un ménage part ou non en vacances. Les inégalités des taux de départ se doublent de différences sur la nature même des vacances : durée, destination et le mode d'hébergement. Les raisons professionnelles semblent plus transitoires : la moitié de ceux qui s'y réfèrent pensent prendre des vacances dans l'année qui suit. Les vacances étant de plus en plus fractionnées, on pourrait penser que les personnes qui ne partent pas en long séjour d'agrément soit par contrainte, soit par choix délibéré, compensent l'absence de vacances par de courts séjours d'agrément, à l'occasion de week-ends par exemple. Or, il n'en est rien. Il est vrai que les dépenses de vacances pèsent dans un budget : pour les familles de 2 à 5 personnes, il oscille en moyenne entre 30 000 et 50 000 DA. Les Algériens établis à l'étranger représentent 70% des entrées (1,637 millions) sur le territoire national. Ils viennent profiter du soleil d'Algérie et dépenser une poignée d'euros. 1,5 million d'Algériens voyagent à l'étranger, principalement en Tunisie (47%) et en France (25%). « Tout est dit ou presque. Les Algériens passant leurs vacances en Tunisie sont devenus une réalité économique et sociale incontournable. Dans certaines villes touristiques, on voit des drapeaux algériens flotter aux devantures de quelques gargotes et restaurants populaires. Les cafés n'hésitent pas à mettre à tue-tête du raï. Les vedettes de la musique algérienne passent en boucle chez l'épicier et le marchand de légumes, quand ils ne se produisent pas dans un théâtre de plein air », est-il écrit sur le site tunisien webmanagercenter. Les vacances sont souvent l'occasion de rendre visite à la famille et aux amis du bled et assister aux fêtes de mariage. C'est le lieu des retrouvailles estivales et de la réactivation des liens générationnels.