« En 1990, nous avions une polyclinique qui était dotée de tous les moyens. Aujourd'hui, les soins s'arrêtent à midi », déplorent les villageois. Perchée sur la chaîne montagneuse qui s'étend jusqu'aux monts de Sidi Ali Bounab, Timezrit manque cruellement d'infrastructures pouvant assurer une vie décente à ses habitants. La commune sur 23 km2 englobant une vingtaine de villages. La misère, le sous-développement et le chômage y sont érigés en véritables fléaux. La localité doit exclusivement sa survie aux subventions que lui octroie l'administration centrale en chaque début d'année. Ici, tout le monde se plaint et déverse sa colère contre les responsables qui « n'ont rien fait pour résoudre les problèmes dans lesquels nous pataugeons depuis des années ». La léthargie n'épargne aucun secteur et touche tous les bourgs de la région. Le chef-lieu offre un décor hideux, faute d'aménagement urbain. Mis à part l'imposant siège de l'APC, aucune autre infrastructure n'attire l'attention des visiteurs. « Nous avons trois cafés, une dizaine de locaux commerciaux dont trois sont à l'abandon, un bureau de poste, un CEM, une école primaire, un centre de soins, quatre blocs d'habitation et une brigade de police communale, et rien de plus », tempête Ahmed avant de lister les manques qui pénalisent la population locale. « Déjà il faut écrire que notre localité ne dispose d'aucune infrastructure de jeunes, ni salle de sport, ni maison de jeunes, ni stade digne de ce nom ; des manques qui se font lourdement sentir par nos jeunes qui n'ont ni bibliothèque communale, ni de cyber-café pour se distraire », déplore encore notre interlocuteur. Et à son ami d'enchaîner : « Notre localité cumule plus de vingt ans de retard. Elle était mieux développée et mieux lotie en infrastructures en 1990 qu'aujourd'hui. Au début nous avions une polyclinique qui était dotée de tous les moyens mais aujourd'hui les soins s'arrêtent à midi ». « Pour une simple visite médicale nous sommes contraints d'aller jusqu'à Bordj Menaïel, à 25 km d'ici », précise-t-il en soulignant que l'ex-polyclinique a été saccagée par les hordes terroristes au milieu des années 1990. En 2007, la localité a bénéficié d'un projet d'une polyclinique dont le coût est de 95 millions de dinars, mais qui n'est toujours pas entamé à cause d'un problème de terrain auquel les responsables n'ont pas trouvé de solutions. De même que pour le projet de la bibliothèque communale (15 millions de dinars) inscrit depuis près de trois ans. De l'avis de nombreux citoyens que nous avons rencontrés, le véritable handicap qui empêche le décollage de cette localité est l'absence d'assiette de terrain relevant du domaine public, notamment dans la périphérie immédiate du chef-lieu. Un écueil que tous les responsables qui se sont succédé à la tête de l'APC n'ont pu régler. Pourtant l'article 91-11 est suffisamment clair, lequel stipule que « les autorités compétentes sont habilitées à exproprier les terrains privés pour leur exploitation dans l'intérêt public ». Rencontré en marge de notre visite, Ayache, un universitaire et responsable d'une association locale nous dira : « Si nos responsables réalisent un seul projet par an, notre localité sortira du sous-développement dans dix ans ». « Comment veut-on qu'on nous donne d'autres projets alors que ceux qui sont inscrits depuis plus de deux ans ne sont pas encore entamés ? »