Un mois après le tsunami qui a dévasté les rivages de 11 Etats sud asiatiques, le nombre de victimes ne cesse de croître. Le dernier chiffre est alarmant, ils sont 288 000 morts, 230 000 dans la seule île de Sumatra en Indonésie, le pays musulman le plus populeux de la planète. Ce drame a donné lien à un élan de solidarité internationale sans précédent. Les Nations unies ont déjà reçu des Etats environ 760 millions de dollars. L'aide totale -dons publics et dons privés - s'élève à 7450 millions de dollars. La communauté internationale s'est mobilisée juste après la catastrophe survenue le 26 décembre dernier, des organisations non gouvernementales (ONG) avaient lancé des appels d'aide aux victimes, et des pays proposèrent leur aide en matériel médical, en équipements et aliments de première nécessité. Mais en plus d'acheminer des tentes de camping, des hôpitaux de campagne, et distribuer des bouteilles d'eau et des colis alimentaires, plusieurs pays se sont lancés dans une véritable bataille d'influence régionale . Pour les Etats-Unis, c'est le moment idéal pour améliorer leur image belliqueuse au sein du monde arabo-musulman, l'Union européenne possède là une occasion pour s'affirmer comme une puissance « Soft Power ». L'Inde, de son côté, prétend affirmer son statut de pays émergent et de puissance régionale disputant le « leadersip » à la Chine. Après une réaction tardive américaine à la catastrophe du Sud-Est asiatique, le président américain, George W. Bush, a essayé de corriger son faux pas. Il a commencé par un don de 15 millions de dollars, une somme dénoncée et jugée comme peu généreuse. Il décida alors de l'augmenter et de débloquer 350 millions - 258 millions d'euros. Il avait envoyé Colin Powell dans la région pour faire le secrétaire d'Etat des... relations publiques et a sollicité la contribution des deux derniers locataires de la Maison-Blanche : son père George Bush et le démocrate Bill Clinton, auxquels s'est joint un grand nombre de stars hollywoodiennes pour collecter des fonds privés aux sinistrés du tsunami. De son côté, le Pentagone aussi contribue en disponibilisant pour une mission humanitaire sa machine de guerre stationnée dans l'océan Indien. Le volte-face de Washington n'est pas seulement d'ordre financier, c'est avant tout une autre perception des Américains qui pensent désormais, qu'il ne s'agit pas juste d'un impératif humanitaire, mais d'une opportunité pour restaurer leur réputation et leur confiance dans le sud est asiatique. Il n'y a pas mieux pour changer le regard des autres sur eux, que de montrer des GI's distribuer des bouteilles d'eau et des colis alimentaires à la place des balles et des roquettes. Malgré la hausse de la somme allouée par George W.Bush, elle reste inférieure à celle attribuée par l'Union européenne aux sinistrés du sud-est asiatique, qui leur a fait un don de 300 millions d'euros - sans compter les dons des pays et les contributions individuelles. La présence américaine au Sri Lanka, l'un des pays les plus affectés, est mal vue par l'Inde, consciente qu'il n'y a pas d'innocence dans la politique de l'aide humanitaire. Elle considère l'envoi par Washington de 1500 marines et d'un navire de guerre comme une intrusion symbolique dans sa sphère d'influence. D'ailleurs, au lendemain de la catastrophe, les autorités indiennes avaient opposé un niet catégorique à l'aide humanitaire étrangère, surtout l'australienne. L'Inde souhaite ainsi démontrer au monde entier qu'elle est capable d'enterrer seule ses morts et venir en aide à ses voisins. Pour le pays de Gandhi, son statut de pays émergent est clairement engagé, la Chine aussi, qui s'affirme comme une puissance économique en extension, a contribué dans l'aide humanitaire avec une somme de 62 millions de dollars, une somme significative pour un pays qui sortira cette année de la liste des pays bénéficiaires de l'aide du programme alimentaire mondial. Les Chinois croient que les Américains possèdent « une gigantesque supériorité » de réponse face à ce genre de catastrophes et le tsunami a démontré que c'est préférable de travailler en multilatéral et qu'à l'avenir leur pays doit jouer un rôle plus important. La « business » solidarité En France, l'appel lancé aux citoyens par une ONG pour arrêter leurs dons a provoqué des doutes et confusions sur la destination des biens collectés. Une association de confession musulmane avait exigé que ses collectes soient distribuées directement aux populations sinistrées par ses adhérents. Où était Dieu ce jour-là ? Parmi les survivants, les disparus et les victimes du tsunami, se trouvent des croyants de toutes religions : musulmans, chrétiens, hindous, boudhistes. Pour ces communautés, malgré les différences de lecture et d'interprétation de cette calamité, elles sont unanimes sur un point : la tragédie du 26 décembre n'est pas une sanction divine. Pour éclairer le monde sur cette tragédie, la communauté scientifique s'est lancée dans des explications sismologiques et géophysiques rationnelles pour répondre au comment et au pourquoi de cette calamité. Elle a initié aussi des travaux de recherche pour trouver des solutions et des remèdes appropriés dans de futurs cas échéants. Une équipe de chercheurs japonais habituée à ce genre de catastrophes propose le système dont est doté leur pays, et les Américains semblent intéressés à l'adopter et à l'inclure dans un projet international de prévention qui sera sous leur leadership, bien entendu.