Le président du Collège national des experts architectes (CNEA), Abdelhmid Boudaoud, a tenu, hier, une conférence au centre de presse El Moudjahid tournant autour des questions du vieux bâti dans la capitale, de la place des OPGI dans l'entretien des immeubles et le recouvrement des loyers, de la réhabilitation des bâtisses touchées par le séisme du 21 mai 2003 et enfin sur la question de la qualification des intervenants dans l'acte de bâtir. Le conférencier commence son exposé par des statistiques frappantes. Ainsi, dit-il, « le recensement du 31 octobre 1954 a fait ressortir 1 800 401 logements, dont pour Alger - anciennes délimitations - 610 029 ». Mais déjà à cette époque 21% des immeubles (taux national) avaient moins de 15 ans, 40% de 15 à 40 ans et 2,5% avaient plus d'un siècle d'âge. A ce niveau de vétusté, explique M. Boudaoud, le temps a fait des siennes pour qu'on atteigne aujourd'hui « un stade de dégradation avancé ». « Il est urgent, recommande le conférencier, de le prendre en charge. » Comment ? C'est simple, répond l'architecte : « D'abord, il faut commencer par le recenser. Ensuite le classer par types. C'est-à-dire à réhabiliter, à rénover ou à conforter. » Prenant ses distances par rapport aux partisans des nouvelles villes, le président du CNEA précise que le bâtiment est avant tout un cadre de vie social et qu'il faut tenir compte de cet élément. Le conférencier illustre son propos par le délogement des habitants de certains quartiers de la ville d'Alger vers les cités nouvellement construites dans la banlieue. « Il s'est posé un problème d'adaptation, d'intégration et enfin de dépaysement. » A ce titre, M Boudaoud rappelle que son association combat depuis des années pour instaurer une loi permettant aux personnes délogées de ne pas être relogées au-delà d'un périmètre de 500 m. « L'objectif recherché, explique le conférencier, est d'atténuer la pression sur la demande des logements neufs en offrant aux habitants des immeubles anciens et un cadre de vie meilleur. » Si la plupart des immeubles de la capitale sont dans un état lamentable cela n'est pas dû, seulement, aux aléas du temps. Les offices de gestion immobilière y sont pour quelque chose. Le conférencier s'étonne ainsi de la léthargie des offices face à leurs responsabilités. Responsabilité d'entretien, de veille sur le respect du bien immobilier et le recouvrement des loyers. De recensement aussi. Puisque, selon M. Boudaoud, aucune statistique fiable n'existe concernant le parc immobilier dans nos villes. Que dire alors de la gestion des espaces habités ? Le conférencier dira par exemple qu'aucun administrateur n'existe au niveau des cités ; un professionnel délégué, logiquement, par l'OPGI pour une meilleure gestion de proximité. « Si l'on en est arrivé là, dira le conférencier, c'est par manque de sérieux et à cause de l'incompétence des gestionnaires ». A ce titre, M. Boudaoud appelle à remettre en valeur l'esprit des concours dans la sélection des hommes en charge des offices immobiliers de façon à ce qu'ils aient une vision globale et futuriste de l'habitat ; qui tiendront compte de l'importance de l'espace vert, de l'aménagement urbain mais surtout qui confieront les tâches du bâtiment à des professionnels et non au premier venu. C'est pour cela, en fin de compte que M. Boudaoud appelle à une conférence nationale pour clarifier tout cela.