Le responsable de l'opérateur de la téléphonie mobile est venu présenter au niveau de la kheïma de la Médina la participation prochaine de Nedjma dans la 3 G en Algérie. Zahouania est, elle, venue animer un concert au grand chapiteau. Au moment où Joseph Ged passe d'un studio à l'autre de la radio, Zahouania monte sur scène devant une salle archicomble. Des agents de sécurité, sûrs d'eux, bousculent les journalistes malgré le port du badge. «Même si vous appelez Bouteflika, vous ne passerez pas», crie l'un d'eux. Comme il est difficile d'appeler «Bouteflika», lui qui ne sort jamais le soir pendant le Ramadhan, et qu'il ne répond pas aux appels des journalistes algériens, il y a d'autres moyens pour entrer dans la salle et pouvoir travailler. Il faut donc une intervention de Mourad Ouadahi, chef du projet la Medina, pour régler le problème. Difficile de trouver une explication à cette tendance maladive chez certains agents de sécurité à vouloir «barrer» la route aux journalistes. Passons. A l'intérieur, le dance floor est déjà envahi par le jeune public. Zahouania n'attend pas pour «allumer» le feu à sa manière. Micro en main, elle se balade sur scène avec aisance. «Vive la liberté», lance-t-elle avant d'enchaîner : «Vous aimez la liberté». La salle : «Ouuuuiii !» Il est évident que personne n'aurait pensé que la salle allait dire «non». Occasion pour Zahouania d'interpréter Oui lala man zewtchi (je ne me marie pas), chanson reprise notamment par Mami. La joyeuse La chanteuse, qui commence déjà à avoir deux générations de fans, reprend ensuite un de ses derniers tubes, Menah berkani, sur l'amour blessé, et l'un de ses premiers succès, Sknet Marseille. Après les inévitables Abdelkader Ya Boualem et Win tourged, la raï-woman reprend Trig el lycée de Khaled et Lala Turkia, la chanson qui, pour un temps, a lancé la carrière de Cheba Zahia, une Zahia qui a disparu de la scène artistique depuis des années déjà. «Vous êtes fatigués !», crie Zahouania à l'adresse du public. Non, les présents, acquis à la cause zahouanienne, sont en super forme à minuit. «Vive, oualed bladi, nmout alikoum» (vive les enfants de mon pays, je vous adore !), lance alors l'artiste. Elle passe la vitesse supérieure en reprenant les célèbres Kin Dir oun dirlah et Qelechtah ma bgha de Abdou, des chansons du registre particulier du gay-raï. La reprise de Ana wiyak nsahrou elyoum de Cheba Zohra, une rivale de Zahouania pendant une certaine période, a mis tout le monde debout. On danse comme on peut ! La chanteuse quitte la scène en laissant les présents en attente. Mahid, l'animateur de la Chaîne III de la radio, fait un rappel à Zahouania, al haqania, al wahrania, el hadja. Rien. Zahouania ne revient pas.C'est une artiste qui respecte à la lettre les 60 minutes contractuelles. Aucune générosité à l'égard du public qui quitte déjà la salle. A la kheïma, à quelques mètres du grand chapiteau, Joseph Ged achève une petite rencontre avec les journalistes. Le groupe Imouken, qui tente d'explorer tous les jardins de la musique, monte sur scène. La kheïma, d'où se dégagent des odeurs de thé et de chicha, est déjà remplie. Il est 1h00. La soirée, pour certains, ne fait que commencer…