Trans Wakfs, société de taxis, lancée par le ministère des Affaires religieuses au profit de 30 chauffeurs bénéficiaires, connaît ses premiers couacs. Les travailleurs mettent en avant les « entorses » à la réglementation et « l'indifférence » du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. Ils s'insurgent par ailleurs contre le climat de travail « malsain ». « Le gérant nous a assuré que l'entreprise est une SPA et n'est plus la propriété du ministère et que celui qui n'accepte pas ses conditions n'a qu'à remettre les clefs », signalent-ils. « Le ministre Bouabdellah Ghlamallah qui s'est montré rassurant lors de la cérémonie de remise des clefs ne nous a pas reçus malgré nos nombreuses requêtes. Nous avons néanmoins été reçus par son chef de cabinet qui nous a affirmé qu'une commission sera mise en place pour discuter des prix. Mais à ce jour, rien n'a été fait », indiquent-ils. Les chauffeurs de taxi s'indignent de l'obligation faite aux postulants chômeurs de payer la somme de 5 millions de centimes avant la remise des clefs. « Certains candidats chômeurs se sont endettés pour payer cette somme alors que d'autres n'ont pu honorer leurs obligations et se sont vu ainsi remplacer par de nouveaux venus. L'obligation de payer aussi la somme de 2400 DA chaque jour est déraisonnable. Ce prix a été décidé arbitrairement sans que les conditions de travail soient prises en compte. Les embouteillages, l'interdiction du jumelage et la concurrence imposée par les autres sociétés privées obligent souvent les chauffeurs à travailler jusqu'à 14 heures par jour pour pouvoir payer cette somme. Notre salaire pourtant reste dérisoire. Une retenue de 9% sur le salaire a été décidée. Sur les 12 000 DA de départ convenus, la société ne nous remet que 10 920 DA », soulignent les travailleurs dans une requête adressée au ministère des Affaires religieuses. Ils mettent en avant aussi la cherté des frais d'entretien des voitures. « Le contrôle des véhicules, le graissage, le remplacement des pièces détachées et le carburant sont à notre charge, alors que nous avons convenu que cela serait à la charge de la société qui dispose d'ateliers à Belfort », s'indignent-ils. « La voiture qui devait devenir notre propriété au bout de trois ans ne le sera qu'après 5 ans d'activité. Un calcul simple nous permet de déduire qu'après cette longue période, nous devons payer 345 millions DA », concluent-ils. Nos tentatives pour joindre l'entreprise sise à Belle Vue et le ministère des Affaires religieuses ont été vaines. Trans Wakfs, contraire à la religion ? Trans Wakfs est une société de taxis dont les actions sont détenues par le ministère des Affaires religieuses et la banque El Baraka. Cette première expérience, consistant à mettre à la disposition de jeunes chômeurs trente véhicules neufs, devrait être généralisée dans les grandes wilayas. Les travailleurs contestent son statut de société par actions (SPA). « Un bien wakf (habous) est une donation faite à un particulier à une œuvre d'utilité publique, pieuse ou charitable. Ce bien donné en usufruit est inaliénable. Les responsables veulent en faire leur bien et nous assurent à chaque fois que le ministère dispose de l'argent nécessaire et compte l'investir dans cette action », font remarquer les chauffeurs de Trans Wakfs. Le ministre des Affaires religieuses a assuré lors d'une de ses sorties publiques que des fonds mobilisés dans le cadre de la Zakat et des Wakf (Habous) iront vers la création d'une compagnie de taxis. Les professionnels du secteur étaient intrigués par « l'intrusion » de cette société dans ce segment.« Les jeunes, mal formés et jamais rémunérés suffisamment, seraient exploités et garderaient assurément un mauvais souvenir de cette expérience », nous a expliqué le président de l'UNACT (in El Watan du 11 mai 2009). « La direction des transports a fait une entorse à la réglementation qui stipule que les permis de places ne sont plus délivrés », nous a-t-on aussi indiqué.