Salman Rushdie semble demeurer le mal-aimé des gens du pouvoir : venu à la Mostra de Venise flanqué de la sculpturale actrice roumaine Monica Birladeanu pour défendre Franscesca, film roumain en compétition, il apprend que la projection dans une salle à Venise est interdite suite à une plainte en justice déposée par le maire de Vérona Flavio Tosi et la députée Alessandra Mussolini. Venise (italie) De notre envoyé spécial Franscesca est sans doute la plus virulente dénonciation de la vague de xénophobie qui sévit dans l'Italie du Nord. Encore une fatwa de la Ligue du Nord que Rushdie mettra à son palmarès... La projection officielle de Francesca n'a pourtant pas posé de problème au Lido. Nouvelle plus heureuse cette fois, le projet du film sur Mawlana, le grand poète mystique Jalal Edine Rumi (XIIIe siècle) avance bien et la fille de l'émir du Qatar, Sheikha Mayassa, a dit qu'elle y consacrera un budget de 25 millions de dollars. Doha va aussi créer un nouveau festival avec l'aide de Robert de Niro, directeur du festival new-yorkais de Tribeca. On espère qu'une copie du film sur Rumi atterrira un jour à la grande zaouïa de Mostaganem ! Mostaganem où Merzak Allouache a tourné Harragas, coproduit par le ministère de la Culture, présenté lundi à la Mostra de Venise dans la section « Journées des auteurs ». Il s'agit bien d'un film d'auteur : Merzak Allouache est revenu aux thèmes sérieux, profonds (Gatlato) et il a très bien amorcé ce retour en renouvelant la manière de raconter l'odyssée de ces jeunes poussés par un blues incurable, une envie de voir le monde et de fuir loin du triste quotidien et qui affrontent les mers. Récit forcément tragique, minimal, un huis clos dans une barque. On retiendra ce sentiment incroyable de défiance qui anime les intrépides voyageurs que Harragas a su bien rendre. Merzak Allouache présentera ces jours-ci son film en avant-première à Oran. La Mostra lui a réservé un excellent accueil. Un des plus talentueux cinéastes, Francesco Maselli, est venu personnellement présenter Harragas à la Sala Perla. Après avoir fait le portrait de Fidel Castro, le cinéaste américain Oliver Stone achève son périple en Amérique latine avec un très remarquable documentaire, South of Border. Série de portraits vivants des présidents Hugo Chavez (Venezuela), Evo Moralès (Bolivie), Christina Kirchner (Argentine), Fernando Lugo (Paraguay), Lula da Silva (Brésil), Raphael Corréa ( Equateur) et Raul Castro (Cuba). Le travail d'Oliver Stone se distingue très nettement de la propagande des grands médias nord-américains, dont le prototype exécrable est Fox News. On pourrait dire que Michael Moore a appris son métier sur le tas, très jeune. Dans son nouvel opus Capitalism, A Love Story, le déclenchement, c'est son retour dans sa ville natale Flint dans le Michigan, là où son père a travaillé 30 ans et s'est fait virer par la General Motors. De là est venu son désir de témoigner et d'exprimer sa haine des banquiers, des chefs d'entreprise du capitalisme dans sa forme la plus détestable. Il témoigne donc avec vigueur de ce qu'il voit : ces milliers d'honnêtes travailleurs qu'on expluse de leur maison. Chiffres à l'appui, images-choc, Michael Moore dit tout le calvaire américain consécutif à la crise et les 14 000 emplois perdus chaque jour. Mais le bouillonnant cinéaste paraît sans aucune illusion, malgré l'espoir du changement voulu par Barak Obama. Interrogé de ce que le public américain retiendra finalement de son film, Michael Moore a répondu : « Des popcorns ! » .