L'hypothèse d'une sortie de crise plus tôt que prévu est quelque peu remise en cause par le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn. Ce dernier a estimé, hier, que la crise n'est pas encore « derrière nous » et juge qu'il faudra trouver de « nouvelles sources » pour la croissance mondiale qui ne pourra plus être tirée par les consommateurs américains. Malgré le retour à la croissance dans certains pays du vieux continent, à l'instar de l'Allemagne et l'Hexagone, le FMI décide de maintenir l'état d'alerte et ne pas tourner aussitôt la page de la crise. Dans un entretien accordé au journal français Le Monde, le directeur général de l'institution de Bretton Woods a estimé qu'il convient de rester « prudent » en dépit de certaines lueurs de sortie de crise qui pointent à l'horizon de la planète financière. Il a tenu à préciser surtout que « nous sommes sortis de la crise financière », mais « nous sommes encore dans la crise économique, même si l'on aperçoit le bout du tunnel ». Il n'a surtout pas omis d'inscrire en gras les effets de cette crise qui continuent à provoquer des dommages et des drames ça et là. « Nous sommes toujours dans la crise sociale et la poussée du chômage ne cessera pas avant la deuxième moitié de 2010 », souligne-t-il. Se référant à une récente statistique d'Eurosat, le taux de chômage a atteint 9,5% en juillet en zone euro, son plus haut niveau depuis dix ans, avec plus de 15 millions de personnes sans emploi. Selon le directeur général du FMI, la reprise ne sera pas « obligatoirement » forte et elle ne pourra plus s'appuyer sur les grands déséquilibres macro-économiques qui alimentaient la croissance mondiale avant la crise, tels que l'endettement américain. Aux Etats-Unis, à titre indicatif, « le taux d'épargne des ménages, qui était pratiquement nul, s'élève maintenant à 5% (...). Excellent pour les déficits ! Mais qui remplacera le consommateur américain pour tirer la croissance mondiale ? », s'interroge M. Strauss-Kahn qui rappelle que les Etats-Unis pèsent 25% du Produit intérieur brut (PIB) mondial. « La question de nouvelles sources de croissance est posée », affirme le patron du FMI, qui doute que l'augmentation de la consommation dans les grands pays émergents suffise à tirer l'économie mondiale. Même si le moteur de croissance commençait à fonctionner dans certains pays, (0,3% en Allemagne au 2e trimestre 2009 et 0,3% en France à la mi-août), Dominique Strauss-Kahn n'a pas hésité à appeler une fois de plus les Etats à préparer « des stratégies de sortie de crise », tout en les exhortant à ne pas arrêter dès à présent leurs politiques de soutien à l'économie. « La demande privée étant toujours extrêmement faible, on risquerait une ‘'rechute'' de l'économie mondiale », avertit-il. S'exprimant sur le prochain sommet du G20, prévu à Pittsburgh (Etats-Unis) les 24 et 25 septembre, le patron du Fonds monétaire international a invité les Etats à réformer la régulation financière. M. Strauss-Kahn estime qu' « on ne va pas assez vite » sur la question des bonus. Il vient de conforter indirectement les propositions de la France qui vont dans le sens de limiter les gains traders par un système de « bonus malus ».