C'est parce que la musique andalouse est sa base que l'artiste se permet d'aller voir ailleurs. La bouille sympathique et la voix androgyne, l'artiste Akim El Sika Meya était hier matin, l'hôte de la salle El Mougar à la faveur d'une conférence de presse pour annoncer le concert-événement qu'il donnera ce soir à partir de 19h à la même salle. Eduqué dans l'arabo-andalou, cet Oranais évoluant en France depuis plus de 10 ans, est aussi fan de Salim El Hellali que de David Bowie, mais aussi de Abdelhalim Hafez, Oum Kalthoum, tout comme de la musique de Kusturika et ça s'entend. Sa musique est l'expression d'une explosion de sentiments, de joie mêlé à la souffrance humaine qu'il tend à transmettre aux gens qui arrivent à déceler en lui la véritable âme d'un artiste. Forgé depuis 10 ans et nourri de plusieurs influences: jazz, celtique, bossa, raï, ska klezmer, flamenco, valse musette, tzigane ou cap-verdienne de rencontres comme de voyages, cet orfèvre de la mélodie est capable de faire briller les yeux de milliers de spectateurs avec son violon dont il joue incroyablement, posé sur sa cuisse, debout! Un artiste étonnant dont le public se plait à scander son nom qui sort de l'ordinaire mais qui n'est autre qu'un bel hommage que rend cet artiste à ses racines musicales, sa sève nourricière, la musique andalouse. Mais comme tout artiste avéré, Akim El Sika Meya ne craint pas la découverte ni le retenu et avec une audace certaine, il fait de son oeuvre un beau mélange de métissage basé sur l'esprit de partage, de tolérance et d‘ouverture. Une philosophie inscrite en droite ligne de son troisième opus, Un Chouia d'amour, troisième album, enregistré à Paris et préparé sur la route pendant une tournée de trois ans, qui l'a mené dans plus de quinze pays... Cependant, c'est plus que «un chouia» car Akim El Sika Meya entend se donner ce soir plutôt à cent pour cent et ce, pour la première fois à son public algérien. Un petit tour sur Youtube et vous découvrirez la terrible énergie que déploie cet artiste sémillant, sur scène. Une musique vigoureuse, parfois teintée de nostalgie, mais qui mène à la danse et la transe indubitablement. Une musique qui secoue, qui éveille les sens. Véritable «ambianceur», Akim El Sika Meya nous offrira sans doute en cadeau les plus beaux morceaux de cet album de mélodies intemporelles alliant émotion et gravité, joie et folie. La révélation world 2006, Akim El Sika Meya fait partie de ces artistes rares qui ne courent pas après le succès ou l'argent, mais pensent au long terme en tablant sur une carrière solide. Son but n'est pas d'être une star, mais un artiste respecté, tel qu'il est aujourd'hui reconnu dans le monde. «Je suis prêt à rencontrer mon public algérien pour lui offrir mon projet artistique», dira, d'emblée, l'artiste avec le sourire. Revenant sur son style de musique et son riche parcours, l'artiste fera remarquer que sa musique «personnelle» se base sur le patrimoine algérien qu'il l'enrichi de diverses sonorités. «La musique andalouse est d'abord un art à part entière sans distinction de race, de langue ou de religion. L'art doit être fédérateur et universel, porteur d'un message de paix et de tolérance, c'est le mien. Un message de qualité pour être crédible. J'essaie de faire évoluer ma musique le plus loin possible et l'emmener à l'international.». Akim El Sika Meya se rappelant ses débuts, révèle avoir commencé à faire des premières parties de spectacle notamment de Khaled et de Natacha Atals, mais avec de «la motivation et de volonté, dit-il. On peut arriver à réaliser nos projets et nos rêves même s'il est vrai qu'il est dur d'évoluer dans un pays comparé à un autre». Même s'il reconnaît avoir mis du temps pour percer, des deux premiers albums, fera-t-il remarquer, il les doit au producteur Philippe Eden qui a fait les albums de Khaled. Collaborer avec ce producteur a été un rêve incroyable pour lui. Aujourd'hui, l'artiste, à l'évidence satisfait, reconnaît que l'exil nourrit beaucoup sa créativité. Une certaine nostalgie qu'il traîne avec lui dans sa musique tout en vivant pleinement dans son temps. Son répertoire est composé de reprises mais aussi et surtout de 80% de compositions personnelles tiendra-t-il à souligner. Akim El Sika Meya qui dit s'adresser à un public de 7 à 77 ans soutient, par ailleurs, ne pas être un artiste à tendance (mode), mais se base sur la rigueur de manière à être honnête avec son public pour bâtir sa carrière. «Je veux durer dans le temps» dit-il. Si aujourd'hui Akim El Sika Meya se permet d'introduire de nouvelles sonorités dans sa musique, il n'a pas de complexe à ajouter ou assaisonner sa culture avec d'autres éléments extérieurs. C'est parce que la musique andalouse est sa base qu'il se permet d'aller voir ailleurs. «Je n'ai pas choisi la musique andalouse. Je suis né dedans. Sa philosophie est justement orientée vers l'ouverture sur l'autre». Enfin, partant de ce concert auquel l'artiste attend beaucoup, Akim El Sika Meya, ce libre penseur, espère avoir un bon feed bak pour en animer d'autres et inonder de plaisir son public d'ici après avoir conquis l'étranger. Il n'y a qu'à voir ces Asiatiques comment ils scandent à tue-tête son nom sur Youtube... C'est donc légitime que de vouloir se réapproprier cet enfant du pays même si c'est sûr, la musique et partant, Akim El Sika Meya appartiennent désormais à l'universel. D'ailleurs, bouillonnant d'idées, son dernier projet orignal s'appelle Les Noubas D'Ici At La Bellevilloise In Paris avec le Medset orchestra. Après une date probablement au mois de juin à Alger, l'artiste s'attaquera, au mois d'octobre, à l'Asie en se produisant à Tokyo (Japon), au Népal et en Inde dans le cadre d'une tournée. En attendant, c'est chez nous et à Alger qu'il compte bien mettre le feu! Une première partie sera assurée par le groupe Castigroove A ne pas rater donc.