D'ici 2012, l'Algérie changera de visage. Le nouveau découpage administratif – qui verra la création de wilayas déléguées – est en cours de préparation. El Watan Week-end s'est procuré la dernière liste en circulation, comptant 48 wilayas et 94 wilayas déléguées. Cette version ne devrait pas connaître de grandes modifications d'ici la présentation du projet final au Conseil des ministres début 2010. Où en est le projet ? Pendant le mois de Ramadhan, Abdelaziz Bouteflika, lors de l'audition de Nourreddine Zerhouni, a rejeté le dossier. Le président n'aurait pas été satisfait des paramètres de sélection avancés par son ministre de l'Intérieur. Des modifications ont été apportées – la carte ci-contre correspond à la dernière version en circulation – et vont à nouveau être soumises au président. Parmi les points qui restent à clarifier : le sort des wilayas d'Oran et de Constantine dont on ne peut pas dire encore si elles auront des wilayas déléguées ou non. Le nouveau projet devrait être présenté devant le Conseil des ministres au premier semestre 2010. Le président souhaite réduire le nombre de wilayas déléguées. À quels paramètres obéit le découpage ? Officiellement, ce « vieux » projet obéit à deux objectifs principaux. Le premier : désenclaver les régions isolées qui, en fonction de leurs besoins, seront dotées de programmes spéciaux de développement. Par une nouvelle division de la wilaya, les populations se retrouveront ainsi rapprochées de l'administration. Exemple : les habitants d'In Salah, qui doivent parcourir quelque 800 km pour les affaires qui dépendent de la wilaya, à Tamanrasset, pourront désormais régler leurs affaires à In Salah. Deuxième objectif : procéder à une meilleure distribution des richesses, notamment face à la poussée démographique. Les nouvelles wilayas déléguées, qui bénéficieront d'une certaine autonomie, pourront enclencher des programmes en fonction de leurs besoins. Officieusement, le découpage obéirait à d'autres préoccupations. Ce que Nourredine Zehrouni appelle « le consensus ». En clair : mettre fin aux conflits tribaux, satisfaire la demande des zaouias et de certains lobbies économiques. Exemple : les importateurs d'El Eulma – candidate au statut de wilaya déléguée – tiennent à ce que leur zone d'influence ait sa propre administration. Autre exemple : à El Bayadh, Bayadh Sidi Cheikh, connue pour sa concentration en zaouias, est également appelée à devenir une wilaya déléguée alors que la région compte au mieux, entre résidents et nomades… 50 000 habitants. Idem à Mechria, limitrophe. Pourquoi dans cette dernière version Annaba ne sera-t-elle pas divisée ? « Tout a été fait pour ne pas séparer El Hadjer (là où se trouvent les richesses minières) de Annaba et ainsi dépouiller l'actuel chef-lieu, explique un analyste proche du dossier. Idem pour Hassi Messaoud… » Compte tenu de sa taille et du projet de nouvelle ville, cette daïra aurait logiquement dû muer en wilaya. Mais que serait alors devenue Ouargla ? Impossible de faire d'El Hadjer et de Hassi Messaoud deux « super » wilayas, les plus riches d'Algérie. Enfin, Tindouf, zone militaire, ne peut pas être partagée. Quel rôle pour la wilaya déléguée entre la wilaya et la daïra ? Selon une source proche du dossier, elles seront, au départ (car après, elles devraient devenir des wilayas à part entière), mises sous tutelle des walis. Cependant, elles bénéficieront d'une certaine autonomie dans leur gestion et seront dotées de budgets spéciaux, composés de fonds de la wilaya et de fonds propres. « Une équation difficile à résoudre, selon notre analyste, puisque cela va sans doute créer des conflits entres les walis et les walis délégués. » Il est également prévu que les wilayas déléguées seront dotées des mêmes structures administratives que les wilayas, à savoir un directeur de chaque ministère. Le grand paradoxe : elles devraient profiter des mêmes prérogatives que les wilayas. « A se demander à quelle logique obéit tout cela ! Quant à la gestion, le fait que les budgets ne soient pas clairement séparés entre le wali et le wali délégué créera des conflits et encouragera la corruption. » Mais d'autres questions restent en suspens : est-ce que la wilaya déléguée aura une Assemblée populaire de wilaya avec un président ? A qui rendra compte le président d'APC sachant que le projet de code communal ne prend pas en compte la création des wilayas déléguées ? Quand est-ce que ce nouveau découpage administratif entrera en vigueur ? « A priori, début 2011. En tout cas, avant les élections législatives de 2012 », affirme notre source au Palais du gouvernement.