Les wilayas de l'est du pays sont touchées de manière inégale par le phénomène de la désertification. Les remparts naturels, dressés jusqu'ici devant la reptation du désert, s'avèrent peu efficaces. Ainsi, à l'extrême sud de Tébessa, le barrage vert, qui passe par plusieurs localités de la wilaya, devait servir de muraille naturelle contre l'avancée du désert ; les régions de Ferkane, Négrine, Bir El Ater et Saf Saf El Ouesra restent cependant menacées. La monoculture de cet obstacle vert formée essentiellement de pins d'Alep reste, selon le chef du service extension du patrimoine et protection des terres, Laïd Borja, guère satisfaisante et n'a pas donné les résultats attendus ; par conséquent, sous l'effet du vent de sable, un enlisement a formé des dunes, notamment dans la région entre la wilaya d'El Oued et Tébessa, telles que la région de Médila et Marmouthia, à 160 km au sud de Tébessa. FAILLITE DU BARRAGE VERT La Conservation des forêts a mis un plan d'action pour arrêter ce phénomène qui touche plusieurs milliers d'hectares, en procédant à une double lutte contre la désertification qui consiste essentiellement en la création de palissades pour arrêter ces dunes en mouvement, puis une opération de plantation d'arbres ou de nappes alfatières, une expérience réussie, selon notre interlocuteur. Ainsi, plus de 600 ha entre la région de Négrine et la wilaya d'El Oued ont été mis en valeur par une opération d'arboriculture. La région des Aurès, pour sa part, n'est pas à l'abri. En effet, étant le dernier bastion contre l'avancée du désert, la région souffre de la dégradation du sol qui semble prendre de l'ampleur, notamment depuis la dernière décennie. Rachid Briki, chef de service de la protection de la faune et de la flore de la wilaya de Batna, tire la sonnette d'alarme quant à l'état inquiétant des lieux. Il explique que plus de 47% du territoire de la wilaya de Batna, classés «moyennement sensibles», sont en danger de dégradation définitive si aucune action n'est engagée. Environ 12%, ajoute-t-il, des terres sont dans le rouge. «C'est un phénomène irréversible, si une terre est perdue, c'est définitive. Le seul moyen de lutte reste donc la prévention», a-t-il affirmé. L'origine de ce phénomène, selon notre interlocuteur, est une combinaison entre facteurs humains et naturels. En plus de l'érosion hydrique et de la sécheresse, l'activité humaine favorise, pour une grande part, la désertification. L'activité industrielle, que connaît la ville de Batna, spécialement celle du secteur des mines, n'est pas sans conséquence. Le dépérissement du cèdre de l'Atlas, peuplant le parc national de Belezma, semble être la conséquence directe de la désertification. A ce sujet, Rachid Briki pointe du doigt les responsables. «Sur une distance de 35 km, entre Batna et la commune de Aïn Touta, il y a 35 carrières», a-t-il déclaré, ajoutant que «les cinq années successives de sècheresse entre 1998 et 2002 ont fortement participé au dépérissement du cèdre». Les moyens de lutte contre ce phénomène existent, mais nécessitent beaucoup d'efforts et l'implication de toutes les parties. Loin des normes internationales La wilaya de Biskra, de par sa situation géographique, est une zone tampon entre le Sahara et le Tell. Elle est l'une des douze wilayas où la carte de sensibilisation à la désertification est parfaitement établie. Sa superficie forestière est estimée à seulement 1,5% de celle globale de plus de 21 000 km². Dans le cadre de la lutte contre l'avancée du désert, elle bénéficie, à ce titre, d'un plan de développement rural intégré (PDRI) initié par le ministère de l'Agriculture et de différents fonds de lutte contre la désertification, dont les signes précurseurs sont observables à Oumache, Aïn Deba, Zemouchia ou El Hadjeb, à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya. La Conservation des forêts de Biskra chapeaute, en coordination avec la DSA, la DMI et la direction des ressources hydriques, plusieurs projets visant à lutter contre l'avancée du désert. Ainsi, 1400 km de brise-vent ont été réalisés, des milliers d'hectares de terre menacées d'érosion ont été plantées d'oliviers et d'eucalyptus ainsi que de végétaux endémiques comme le pistachier de l'Atlas, le genévrier et l'opuntia, des pistes ont été ouvertes dans les zones steppiques, des petits barrages de déviation des eaux (correction torrentielles) et le renforcement des flancs des oueds et des cours d'eau ainsi que l'aménagement de points d'eau dans les zones pastorales contrôlées ont été finalisés. «Mais tout cela ne veut pas dire que Biskra n'est pas menacée par la désertification. Même si ses 4,2 millions de palmiers, ses champs de céréales, ses maraîchers et ses 140 000 serres la protègent et la classent parmi les wilayas les moins touchées par la désertification, même si elle est bien mieux dotée en espaces verts et arbres d'alignement, nous sommes loin de la norme internationale de 12 m2 de verdure par habitant», a indiqué Abdelatif Chikouche, directeur de la Conservation des forêts de Biskra, qui incite les associations écologiques, les comités de quartier et les exploitants de la terre (agriculteurs et éleveurs) à se mobiliser afin de préserver l'environnement, la terre et l'eau. A Bordj Bou Arréridj, ce sont treize communes au sud de la wilaya qui sont touchées par la désertification, selon la Conservation des forêts. En plus des programmes de reboisement de 1200 ha de plants forestiers et de 1500 ha d'arbres fruitiers (oliviers), dès 2008, des programmes du fonds de lutte contre la désertification et le développement pastoral et septique (FLDDPS) ont été lancés à travers la région touchée.