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«Un poète et un politique dont l'Algérie a oublié les sacrifices»
Publié dans El Watan le 16 - 06 - 2013

Elle a d'abord tenu à rectifier une idée reçue en rappelant que ce n'est pas le fils mais le père, Belkacem, qui s'est converti au christianisme à l'âge de 16 ans. Mouhoub est né en 1906, à Ighil Ali (Bejaïa), et a dû être baptisé Jean, mais le poète a fait de cette question une affaire strictement familiale et personnelle. Ne dit-il pas lui-même : «Je suis chrétien de culture musulmane» ?
La référence concerne sa grand-mère Djoher, mais aussi tous les musulmans qu'il va côtoyer en Tunisie, lorsque, en 1910, son père ne trouvant pas de travail en Algérie est parti s'y installer en tant qu'employé des chemins de fer avant de demander, en 1913, la nationalité française.
En ce début du XXe siècle, compte tenu de la laïcité, les catholiques ne sont pas forcément bien perçus, encore moins les indigènes devenus chrétiens. En rappelant ces faits, l'universitaire restitue le contexte dans lequel il a évolué pour tempérer la propension à croire que «l'adhésion à la francité et à la chrétienté» seraient forcément synonyme de privilège dans le contexte colonial.
C'est néanmoins en Tunisie qu'il découvrira le milieu pied-noir : Italiens de Sicile, Français ou Maltais. Francophone, berbérophone, arabophone, son multilinguisme le prédispose à une meilleure compréhension de l'aire géographique dans laquelle il a grandi, c'est-à-dire l'Afrique du Nord de son époque et dont il défendra plus tard non seulement les valeurs profondes, mais aussi les aspirations à la justice et à l'émancipation. «Amrouche sera l'émissaire du FLN auprès de Charles de Gaulle, fera du lobbying pour faire connaître l'Algérie et se servira de son statut d'écrivain pour porter sa voix politique», explique Tassadit Yacine.
Un parcours hors du commun pour cet enfant né dans un village perdu, qui va devenir une figure internationale et qui côtoiera les plus grands de la littérature (pour ne citer que les entretiens radiophoniques célèbres avec Gide, Mauriac, Claudel, Guiseppe Ungaretti). En attendant, il est d'abord instituteur à Sousse (Tunisie) avant d'être reçu à l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud (France) et d'exercer, à sa sortie, en tant que professeur de lettres à Sousse puis plus tard à Annaba.
N'arrivant pas à assumer entièrement cet entredeux culturel, il s'engouffre dans une crise existentielle et c'est durant cette période, étant déjà féru de littérature française, qu'il écrit à André Gide pour lui exposer sa situation et celle de milliers d'autres Nord-Africains. L'écrivain français, déjà célèbre, lui répond. S'ensuivra une amitié politique qui perdurera jusqu'au bout. «Gide le tire de l'abîme», note Tassadit Yacine, qui introduit un autre personnage historique, Mahmoud Reggui, devenu Marcel en 1927, et qui va, plus tard, effectuer une enquête sur les massacres de Guelma, et dont les deux cahiers ont été confiés à Jean Amrouche qui les gardera soigneusement dans ses archives. Avec Saint- Augustin, un Nord-Africain célèbre, il découvre la dimension historique.
Le poète publie dans les revues pour faire connaître la littérature mais n'oublie pas ses congénères nord-africains. Il est, dit la chercheuse, d'une sévérité exceptionnelle, mais c'était pour faire de la culture la bannière de l'Afrique. En 1939, il entre à la radio et il se range du côté de la France libre contre le nazisme. A Alger, en 1942, Gide le présente à de Gaulle. La parenthèse pro-française contre le nazisme a suscité chez lui un espoir.
Il est d'abord proche de Ferhat Abbas avec le souhait de mettre fin au Code de l'indigénat, mais avec une déception au bout du compte. «Son essai, L'éternel Jugurtha est à la fois métaphorique, mais pas autant que cela», indique Tassadit Yacine, qui estime que cet ouvrage sonne comme une mise en garde contre l'injustice coloniale : «7 millions de Jugurtha dans l'île tourmentée d'Afrique du Nord».
Son intérêt pour la culture orale (les chants berbères de Kabylie) était motivé par la volonté de démontrer qu'il y avait une poésie partagée et un substrat culturel à opposer à l'hégémonie coloniale. L'année 1945 marque un tournant décisif. L'espoir de justice s'évapore et la parenthèse antifasciste aboutit à une impasse.
«La revue L'Arche, dont il était directeur avec le patronage de Gide, se casse le nez et l'expérience éditoriale ne survivra pas au retour des nantis qui, par ailleurs, ne s'étaient pas forcément engagés en faveur de la liberté durant la Seconde Guerre mondiale», relève l'oratrice. Par un glissement de sens, le colonialisme et ses atrocités deviennent chez lui synonymes de nazisme. «Il fait une analyse tout à fait exceptionnelle, semblable à celle de Fanon, mais en plus beau, car c'est un poète», estime-t-elle. «Le colonisé est non seulement déraciné de son histoire mais aussi des mythes de son peuple», écrit-il, rapporte-t-elle.
De 1945 à 1962, Jean Amrouche va multiplier les écrits, les arguments et les enquêtes sur le terrain pour pouvoir en parler à un niveau politique. En 1954, il est renvoyé de l'ORTF. Un long article dans Le Monde, «La France comme mythe et comme réalité, quelques vérités amères», lui vaut d'être menacé et d'aller se réfugier en Suisse. En déclarant «Ces maquisards et ces terroristes sont mes frères», il se retrouve même répudié par sa belle-famille.
Entre Tunis et Rabat, il va côtoyer Abdelhamid Mehri, Abane, Réda Malek, Farès Abderrahmane. Son amitié avec Ferhat Abbas va durer jusqu'à la fin. Il a une carte de presse française, mais aussi une carte d'accréditation délivrée par le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Il servira de médiateur. Il était pour une Algérie laïque où chacun devait trouver sa place et où nul ne serait ni humilié ni ne se sentirait étranger. Il décède le 16 avril 1962. Pour Tassadit Yacine, «Comme beaucoup d'autres figures, Jean Amrouche mérite d'être pris en considération en Algérie, afin de mettre fin à la pensée monolithique préjudiciable».


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