La réutilisation des eaux épurées pour l'irrigation n'est pas développée à Alger. Selon un bilan de la wilaya d'Alger, dont El Watan détient une copie, seuls 15 % des eaux usées épurées sont réutilisés. La Station d'épuration (Step) de Réghaïa traite 60 000 m3/j d'eaux usées rejetées dans le lac de Réghaïa, pour leur réutilisation dans l'irrigation des terres agricoles situées dans les communes de Réghaïa, Bordj El Bahri et Aïn Taya. Les eaux épurées de la Step de Baraki sont rejetées dans l'oued, pour assurer son écoulement normal, alors que la partie restante sera transférée vers le barrage qui sera réalisée au-lieudit Baraque (Blida) à des fins d'irrigation. Par ailleurs, une étude est en cours d'achèvement pour la réutilisation des eaux de la STEP de Beni Messous. Les eaux épurées de cette station permettront de couvrir une superficie de 3000 hectares répartis à travers les communes de Aïn Benian, Beni Messous, Chéraga, Staouèli, Ouled Fayet et Dély Ibrahim. Une partie des eaux épurées couvriront également les besoins du jardin des Grands-Vents et des forêts de Baïnem et de Bouchaoui. En attendant la mise en œuvre de ce projet, des infractions ont été constatées par la Direction de l'agriculture de la wilaya d'Alger, qui a verbalisé des agriculteurs qui irriguaient avec des eaux non traitées, plus particulièrement dans le périmètre agricole de Beni Messous, faisant peser un réel danger sur la santé des consommateurs. Les autorités ont décidé, ces dernières années, de renforcer le taux des eaux réutilisés, en dépit des appréhensions de quelques spécialistes et des agriculteurs. Le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, affirme vouloir faire de l'utilisation des eaux usées épurées dans l'irrigation, l'une de ses priorités. Selon M. Necib, la réutilisation des eaux usées épurées dans l'agriculture figure en bonne place parmi les priorités de son ministère. Il a annoncé que l'objectif de son département était d'arriver, à la fin 2014, à 1,2 milliard de mètres cubes d'eaux épurées à réutiliser dans l'agriculture : «C'est un grand défi pour le secteur. L'Algérie est un pays semi-aride. C'est pour cela que dans la stratégie du secteur, un axe important est le développement et la mobilisation de la ressource non conventionnelle : le dessalement de l'eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées», précise-t-il. Tout en insistant sur la sensibilisation des agriculteurs, M. Necib a insisté sur le traitement tertiaire des eaux épurées qui consiste à améliorer la qualité par l'élimination d'éléments, telle que les pesticides et les métaux. Une étude réalisés par un enseignant de l'Ecole nationale d'agronomie, T. Hartani, sur la réutilisation des eaux usées en irrigation a révélé que malgré un taux de raccordement au réseau d'assainissement proche de 85% (le taux a augmenté ces derniers mois, ndlr), les volumes traités sont faibles, ce qui suppose des impacts sur les systèmes physiques, biologiques et humains environnants. En outre, 240 des 600 millions de mètres cubes d'eaux usées, produites annuellement en Algérie, sont potentiellement réutilisables en irrigation, car proches de périmètres irrigués, signale l'expert.