Nouvelle sortie de la diplomatie égyptienne : le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Abou El Gheit, accuse « des parties étrangères de tenter d'aggraver le différend entre l'Egypte et l'Algérie ». Une belle trouvaille des autorités égyptiennes pour se sortir du guêpier dans lequel ils se sont eux-mêmes fourrés en encourageant et en laissant commettre des agressions contre les Algériens. « La main étrangère » semble être le parfait bouc émissaire pour tenter d'effacer une honteuse atteinte à la dignité et à la souveraineté d'un pays hôte. « Nous soupçonnons l'existence de parties étrangères qui tentent de semer la discorde entre les deux parties », souligne le chef de la diplomatie étrangère, qui semble vouloir enjoliver une bien piètre réalité. Quelles sont donc ces parties étrangères qui bénéficieraient de la discorde algéro-égyptienne ? Il s'agit bel et bien de supporters égyptiens qui ont caillassé le bus de l'équipe nationale à peine arrivée sur le sol du pays des Pharaons. La chasse aux supporters algériens par les Egyptiens, au sortir du match, le 14 novembre dernier, est révélée par des images et des témoignages qu'une légère et injustifiée accusation de la main étrangère ne saurait effacer. La technologie a évolué au point que rien ne se cache aujourd'hui, monsieur Abou El Gheit, aussi subtile et ingénieuse qu'ait été la manière avec laquelle les médias égyptiens ont tenté de maquiller la réalité. Le chef de la diplomatie égyptienne vient d'asséner une nouvelle agression au peuple algérien en ignorant l'ampleur des violences subies par ses supporters au Caire et en accusant des étrangers de vouloir attiser la discorde. Le représentant des autorités égyptiennes devrait savoir que le peuple algérien est bien trop fier pour attendre que des étrangers le poussent à réagir à une attaque dont il a été victime. Son histoire prouve amplement, contrairement à d'autres pays, qu'il a horreur des tutelles étrangères. A aucun moment les autorités égyptiennes ne se sont excusées pour ce qui s'est passé au Caire. Après avoir chauffé à blanc les supporters égyptiens via des prêches télévisés appelant à la haine et à l'invective, le ministre des Affaires étrangères égyptien affirme avoir convenu avec son homologue algérien, Mourad Medelci, de « la nécessité, pour les médias des deux pays, d'adopter des attitudes positives visant à mettre fin à la tension et à maîtriser la situation ». Un appel qui arrive très en retard, faut-il le noter. Des médias égyptiens semeurs de haine ont passé des mois entiers à appeler à casser de l'Algérien et ce, sans aucune réaction des autorités égyptiennes ni des nôtres d'ailleurs, qui demeurent honteusement silencieuses, à l'heure où la diplomatie égyptienne insiste sur la sécurité de ses ressortissants en Algérie. Mais la balle est sortie. A ceux qui en sont responsables d'en assumer les conséquences au lieu de chercher de faux coupables. Aujourd'hui que les intérêts économiques égyptiens ont été touchés, M. Abou El Gheit réagit et affirme que « le gouvernement égyptien n'a aucunement l'intention d'encourager les sociétés égyptiennes à délocaliser leurs investissements d'Algérie ».