Ils ne renonceront à leur action de protestation que s'ils obtiennent un engagement écrit de la part du gouvernement stipulant la prise en charge entière de leurs revendications essentielles. C'est ce qui ressort de la conférence de presse animée hier par les porte-parole du Cnapest et de l'Unpef. Deux syndicats les plus représentatifs à l'échelle nationale. Le CLA et le Satef, animateurs également du débrayage, adhèrent à ce raisonnement. « Nous ne sommes pas des perturbateurs, nous sommes des représentants des travailleurs éreintés et lassés par des promesses sans lendemain. Les enseignants veulent être rassurés par écrit et non de manière verbale », a indiqué M. Nouar, responsable du Cnapest. Ce dernier qualifie, toutefois, d'irresponsable et de méprisant la démarche du ministère consistant en l'installation d'une commission mixte (ministère de l'Education et syndicats) pour l'élaboration dans les délais les plus courts des propositions relatives au régime indemnitaire des enseignants. En haussant le ton, M. Nouar rappellera, à qui veut l'entendre, que M. Benbouzid avait déjà annoncé, en grande pompe, l'installation d'une telle commission, il y a quelques mois. « Cette commission n'a jamais été à pied d'œuvre, car elle n'a jamais vu le jour et aujourd'hui Benbouzid parle de l'installation d'une commission ayant les mêmes objectifs. Nous disons au ministre que nous ne sommes pas des amnésiques, les 50 000 travailleurs de l'éducation ont une bonne mémoire », fulmine M. Nouar. M. Sadali du Satef rappelle que l'installation des commissions a toujours été le stratagème utilisé par le ministère de tutelle pour noyer les revendications et les remettre aux calendes grecques. Pour sa part, M. Dziri de l'Unpef a tenu à préciser à l'égard des parents d'élèves et de l'opinion publique qu'à l'exception de l'amendement de la circulaire du 30 septembre 2009 portant régime indemnitaire aucune autre revendication n'a été satisfaite. « Nous ne faisons pas grève de gaieté de cœur, mais cette fois-ci le pouvoir ne peut pas nous berner avec quelques mots. Nous avons une plateforme de revendications connue de tous, donc nous voulons l'ouverture des négociations sérieuses sur chaque dossier », a souligné le responsable de l'Unpef. S'agissant des primes et indemnités, les deux syndicats ont demandé au ministre de l'Education l'alignement de la prime de rendement individuelle (PRI) et l'indemnité d'amélioration des performances pédagogiques (IAPP) sur le nouveau salaire de base estimé à 26 000 DA avant d'entamer les négociations autour du régime indemnitaire. Le ministre a répliqué que cette question sera soumise à débat lors de l'installation de la commission composée d'un représentant du ministère des Finances, de celui de l'Education et de la Fonction publique pour se pencher sur le dossier. Chose que refusent les deux syndicats. De leur avis, le gouvernement peut corriger cette injustice en recourant au même procédé appliqué pour l'annulation de la circulaire portant sur la non-rétroactivité du régime indemnitaire. Par ailleurs, M. Meriane du Snapest a rappelé que son syndicat reconduit la grève dans l'attente d'une réponse à ses interrogations. En effet, cette organisation syndicale a demandé au ministre des éclaircissements et explications par rapport à la PRI et l'IAPP. « Nous avons tenu une réunion avec les staffs de Benbouzid et nous leur avons demandé si ces deux primes sont concernées par l'effet rétroactif ? Ils l'ignorent. Ils vont donc transmettre notre préoccupation au gouvernement », a souligné M. Meriane, qui précise que son conseil national se réunira samedi prochain pour donner suite au mouvement de protestation. S'agissant des œuvres sociales évaluées à 1300 milliards de centimes, M. Dziri note que 1,5% de cet argent va vers la caisse de retraite, 0,5% à l'aide au logement et 1,5% à la commission chargée de gérer cet argent et dont le président est en prison pour détournement de deniers dans l'affaire Khalifa. A cet effet, les syndicats réfutent la proposition du ministère consistant en l'élargissement de la gestion des œuvres sociales aux différentes organisations syndicales du secteur. Les syndicats demandent l'annulation pure et simple de la décision ministérielle n° 94/158, stipulant l'implication des syndicats dans la gestion des œuvres sociales. Les syndicats veulent l'instauration du principe de commission de gestion indépendante, élue par les travailleurs tout en adoptant une gestion décentralisée. Les cinq syndicats, à l'unisson, demandent l'organisation d'une conférence nationale regroupant tous les concernés par l'école pour dégager des mesures relatives au volet pédagogique, aux conditions de travail et à la réparation des injustices à l'égard de certaines corporations contenues dans le nouveau statut particulier. Si le gouvernement satisfait les doléances des syndicats, ces derniers reprendront les cours et s'engagent à rattraper les journées de travail perdues.