La cité Sotraco, se trouvant en contrebas de la cité El Bir, dans le secteur urbain de Boudraâ Salah, est en pleine effervescence. La décision du wali, annoncée jeudi dernier sur les ondes de la radio régionale de Constantine, pour le relogement des familles habitant le site, n'est pas passée sans susciter des réactions, parfois violentes, de la part des concernés. Hier, une « ébullition » particulière régnait dans la cité, où l'on ne parlait que de cette opération dont les contours demeurent encore flous. « Nous habitons plus de trois cents chalets (qui en vérité ne le sont plus) et nous ne comprenons pas sur quelle base la wilaya a décidé de déloger uniquement une partie de la cité. Aucune commission n'est venue recenser les concernés, alors que la liste des bénéficiaires reste encore inconnue », s'expriment des résidents, outrés par les conditions de vie qu'ils endurent depuis 28 années. « Nous avons été marginalisés durant toute notre vie dans un ghetto », s'écrie un commerçant qui nous exhibe une pile de correspondances adressées aux autorités sans résultat. Il dénonce l'état d'une douzaine de commerces, abandonnés par leurs locataires, à cause de l'insécurité qui y règne, pour devenir des lieux de débauche et de consommation de psychotropes, à quelques encablures seulement du commissariat du secteur de Boudraâ Salah. Le problème d'alimentation en eau potable est venu compliquer la vie des citoyens. « Nous sommes privés d'eau depuis sept ans. Les gens s'alimentent à partir de la conduite dégageant le trop plein d'eau du réservoir de la station de pompage dominant la cité », nous disent les résidents de la cité Sotraco. Chose que nous avons pu constater sur place. L'eau qui se déverse sur une fosse remplie de déchets, demeure tout de même de qualité douteuse. Deux bidons, découpés sous forme d'entonnoirs sont accrochés à la conduite. De leurs goulots partent deux longs tuyaux qui descendent la pente pour alimenter les chalets situés plus bas. « Les deux tuyaux passent vers les habitations à tour de rôle. Avec un débit aussi faible, il est impossible de satisfaire tout le monde, ce qui conduit à des disputes inévitables ; ceci sans parler des risques de contamination », s'indignent les riverains. Pour l'histoire, les chalets de la cité Sotraco, construits en 1979 pour abriter des familles sinistrées de Souika, Rahbet Essouf et Echaraâ, durant une période transitoire ne devant pas exceder cinq années, ont largement dépassé leur durée de vie. En plus des conditions de vie déplorables, sous une toiture en amiante, le site reposant sur un terrain glissant, ne cesse de connaître une dégradation continue. D'ailleurs une dizaine de familles habitant la partie inférieure a été délogée pour bénéficier d'appartements à Didouche Mourad, Sarkina et la nouvelle ville Ali Mendjeli. Plus de 300 chalets existent toujours. Certains abritent plus d'une famille, selon des membres du comité de quartier. Plusieurs familles comptent parmi eux des asthmatiques. Hier, une réunion décidée par le comité de quartier devait déterminer la position à prendre à propos de la récente décision du wali.