Bouziane Kenniche est un Algérien de 51 ans, citoyen paisible, père de famille sans histoire. Féru de football et tout particulièrement de l'équipe nationale, il fait partie de ces centaines de compatriotes à avoir fait le voyage jusqu'au Caire afin d'assister à la rencontre entre l'Algérie et l'Egypte. Seulement, les choses ne se passent pas tout à fait comme escompté et M. Kenniche se retrouve incarcéré dans une geôle du 2e arrondissement du Caire, au commissariat Haï Ennasr. Motif ? Le jour du match, à l'entrée du stade, les agents de sécurité se livrent à une fouille minutieuse des supporters. Ils semblent même avoir fait montre d'« excès de zèle », à en croire les divers témoignages. Lors de ce contrôle, M. Kenniche est arrêté et emprisonné sans autre forme de procès pour possession de drogue et trafic de stupéfiants. Sa famille, relayant les affirmations des amis de Bouziane Kenniche qui ont assisté à la scène, assure que ce n'était qu'une simple boîte métallique de tabac à chiquer. Privé de tout moyen de communication avec le monde extérieur, son téléphone portable lui ayant été confisqué, c'est par le biais de ses compagnons supporters que sa femme et ses enfants ont eu des nouvelles du détenu. « Ils nous ont raconté qu'ils étaient deux Algériens. L'un a été libéré le jour du match à Khartoum, mais ils ont refusé de relâcher Bouziane », rapporte le docteur Mohand Zoubiri, parent du prisonnier. « Les services de sécurité égyptiens ont demandé une caution de 1400 dollars, qui a été payée par les ressortissants algériens qui se sont cotisés », continue-t-il, ajoutant : « Mais malgré ce paiement, il l'ont maintenu captif. » La famille est de ce fait dans le désarroi le plus total, qui est exacerbé par les tensions que connaissent les relations entre les deux pays. Sur conseil du député de la circonscription de Bouira, Ali Brahimi, la famille entreprend de nombreuses démarches auprès du ministère des Affaires étrangères ainsi que de l'ambassade de l'Algérie au Caire. En vain. Si la première institution ne répond tout simplement pas, la représentation diplomatique n'est pas d'un plus grand secours puisque les informations données aux parents ne les avancent en rien quant à sa situation et à son état de santé. Contactée dans la matinée d'hier, l'ambassade avoue ne pas être au fait de ce cas. Le consulat quant à lui affirme que le prévenu a été libéré lundi au soir. Un peu plus tard, ils se contrediront et déclareront à la famille Kenniche qu'il est toujours sous mandat de dépôt. Il faudra donc attendre l'après-midi d'hier afin d'obtenir de plus amples informations, provenant du consul. « Après maintes interventions de la représentation diplomatique algérienne, M. Kenniche a été relâché par la police. Seulement, il est gardé en "centre de transit" jusqu'à son embarquement en direction d'Alger, qui s'effectuera dans le premier vol Air Algérie, prévu pour mercredi. Nous préférons éviter de lui faire prendre un avion d'Egypt Air… », explique-t-on au consulat. Ce dernier ne s'étendra évidemment pas sur les détails de l'affaire, sur les conditions de détention ou de libération de M. Kenniche. Seulement, « selon les informations fournies par les services de police égyptiens, les laboratoires ont procédé à des analyses et le dossier mentionne qu'à leur issue, de la poudre de cocaïne a été détectée », avance le consulat. Ce qui est totalement invraisemblable, insiste la famille de Bouziane, à demi rassurée quant à son sort, concluant : « Nous ne serons tranquilles et soulagés qu'une fois Bouziane à la maison, auprès de ses quatre enfants… »