Alors que le communiqué de la présidence de la République, rendu public mardi en fin de journée, évoque un «contrôle de routine», plusieurs sources et indications tendent à contredire la thèse officielle. A commencer par la présence, quasi permanente, de la famille du président de la République dans la capitale française. Comme pour la première hospitalisation qui s'est déroulée le 27 avril 2013, une partie des proches du chef de l'Etat ont en effet pris leurs quartiers généraux dans le luxueux hôtel Georges V de la capitale française. Un signe d'un séjour qui risque d'être plus longt que prévu. Pis encore, des sources médiatiques, notamment le site algérie-express, avaient fait état, dès dimanche, de la présence de la famille de Abdelaziz Bouteflika à Paris. Selon des sources recoupées, le chef de l'Etat a été évacué à Paris dimanche dernier. La décision de son évacuation n'a été prise qu'après une première consultation qui s'est déroulée à Alger. Une thèse que confirme à demi-mot le communiqué de la présidence de la République, qui mentionne que le déplacement du Président vise à «parachever son bilan de santé entamé à Alger». La première réaction officielle à cette hospitalisation est venue de Tayeb Louh. En visite à Sidi Bel Abbès, le garde des Sceaux s'est contenté d'affirmer que «le Président va bien». Le ministre de la Justice a ajouté, visiblement sans conviction, que les préparatifs pour l'élection présidentielle «se déroulent normalement». C'est justement à cause de la présence de Abdelaziz Bouteflika à l'hôpital du Val-de-Grâce à quelques heures de la convocation du corps électoral qu'on se pose des questions sérieuses. A commencer par celle de savoir si le chef de l'Etat est capable d'aller au bout de son troisième mandat. La question se pose avec acuité, surtout que les chefs des régions militaires étaient en réunion, depuis lundi, pour étudier tous les scénarios possibles à trois mois de l'élection présidentielle. Une deuxième réunion avait rassemblé, durant la journée d'hier, plusieurs hauts responsables civils et militaires, dont le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Abdelaziz Bouteflika va-t-il convoquer à temps le corps électoral ? La question reste sans réponse, même si l'annonce du retour de Bouteflika le 17 janvier semble renvoyer vers le respect des délais légaux. Mais le chef de l'Etat n'a pas forcément besoin de présence physique dans ce cas précis. Une simple publication d'un décret, qui serait déjà signé avant son départ pour la France, suffit largement pour dépasser cet écueil. Surtout que l'entourage du président de la République avait déjà fait signer des décrets, alors que Abdelaziz Bouteflika se trouvait encore à l'hôpital parisien. Dans le cas où le chef de l'Etat ne sera pas en mesure d'aller au terme de son mandat actuel, une procédure d'empêchement, contenue dans l'article 88 de la Constitution, sera entamée. L'intérim sera donc assuré par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, en attendant l'organisation d'une élection présidentielle anticipée dans 45 jours. En visite à Bouira aujourd'hui, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pourra probablement donner une version des autorités. En attendant, les rumeurs les plus folles continuent à suppléer l'absence d'une communication officielle fiable.