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«De grâce, évitez-nous une seconde ‘‘Bleuite'', 50 ans après l'indépendance !»

Il s'agit ni plus ni moins que d'une prétendue trahison de Zohra Drif par dénonciation du refuge de Ali La Pointe ! Et des questions me viennent à l'esprit. Pourquoi une jeune fille de 20 ans, issue d'un milieu aisé, inscrite à la faculté de droit d'Alger en 1954, faisant partie ainsi de l'infime minorité des «indigènes» privilégiés, s'engageant ainsi volontairement, avec beaucoup de convictions, dans la lutte armée pouvait-elle trahir ? Comment l'héroïne «volontaire de la mort» portant le combat au sein du centre européen d'Alger pouvait-elle trahir ? Comment la grande dame, qui 50 ans après l'indépendance, à Marseille, réaffirme ses convictions et son engagement, devant des nostalgiques de «l'Algérie française» et une victime de la bombe du Milk Bar, et dit ne rien regretter, pouvait-elle trahir ? Je ne peux le croire !
Aussi, je me suis replongé dans la lecture des livres sur la Bataille d'Alger que contient ma bibliothèque personnelle, écrits par des acteurs et des témoins des deux bords. Tous, à l'exception d'un seul sur lequel je reviendrai, s'accordent sur les circonstances de la mort de Si Mourad et Ramel, l'arrestation de Yacef Saâdi et Zohra Drif, et la mort de Ali La Pointe, Hassiba Ben Bouali, Mahmoud et le petit Omar, et enfin l'arrestation du dernier responsable, Abderrahmane Benhamida. Ces circonstances ont un nom : la trahison. Elles ont un visage : Hassan Ghandiche, dit Zerrouki, dit Safi. Ce dernier n'était par un militant de base mais bien le responsable de la Zone III. Il est arrêté par les paras le 6 août 1957, selon certains écrits, à El Biar, chez la comédienne Latifa, selon Yacef Saâdi, chez la famille Ighil Ahriz. Sans même être «bousculé», il donnera son identité et ses fonctions dans la ZAA.
Pis encore, il acceptera de collaborer, devenant ainsi un agent double. Il utilisera, sous la conduite du capitaine Chabannes, des colonels Godard, Trinquier et Leger, pour faire tomber dans la toile d'araignée les responsables de la ZAA. Toujours la même technique : échanges de messages et pister les porteurs. Ce sont Si Mourad et Ramel qui tomberont les premiers dans le piège. Puis, l'arrestation de Yacef Saâdi et Zohra Drif au 3, rue de Canton. Les conditions de leur reddition aux paras se recoupent dans tous les récits. La décision est prise par Yacef, après discussion dans la cache avec Zohra.
Les justifications qu'il en donne dans son livre sont nobles : éviter d'emporter avec eux des civils, mais aussi éviter que la cache où se trouvent Ali et ses compagnons, située à seulement quelques mètres, ne soit emportée par l'explosion. Yacef et Zohra ne découvriront la trahison de Ghandiche qu'au moment de leur arrestation. Ils n'avaient même pas été soumis à la «question» tant le colonel Godard disposait de l'organigramme complet de la ZAA ainsi que l'état de son armement. Mis au secret dans la villa Nador, ils ne pouvaient communiquer à Ali la trahison de Ghandiche. Aussi tombe-t-il avec ses compagnons dans le piège. Dans son livre La Bataille d'Alger (1997), Yacef Saâdi écrit : «un officier vient nous apprendre d'un air triomphant ça y est, Ali La Pointe est dans la poche» (pp 251) et continue (pp 252), «le nez plongé sur le morceau de papier nous reconnûmes immédiatement, Zohra et moi, l'écriture de Hassiba. C'était donc vrai, Ali est tombé dans le même traquenard que nous».
Zohra Drif, dans son livre, écrit en page 553 : «Une feuille de cahier d'écolier fut posée à côté de moi. La feuille sous les yeux, je reconnus l'écriture de Hassiba. Ils avaient pris contact avec le traître Ghandiche». L'on peut déduire suite à ces écrits et d'autres que ni Zohra, ni Yacef n'ont donné Ali La Pointe. Quant à la lettre qu'aurait écrite Zohra à Hassiba, il s'agit certainement d'un faux. Car la chronologie des faits, selon de nombreux écrits, se recoupent. Hassiba et Zohra vivaient ensemble jusqu'au 25 septembre, date de l'arrestation de cette dernière. Lors de leurs séjours dans différentes prisons, une rumeur a circulé quant à une prétendue trahison de Yacef et Zohra. Mais les militantes et militants avec beaucoup de maturité ont deviné qu'il s'agissait d'une manipulation des services français. En effet, pour porter atteinte à la dignité des héros et au moral des militants, tous les coups étaient permis !
La manipulation des faits pour travestir l'histoire persiste bien après l'indépendance. Ainsi, le journaliste Pierre Pellisssier, dans son livre La Bataille d'Alger (Ed Perrin, 1995 et Ed Talantikit Béjaïa 2012), fait preuve de révisionnisme, de négationnisme éhonté, en niant la torture et le courage des combattants. Il écrit à la page 338 : «Yacef fait son dernier — ou son premier — aveu : il n'y a qu'un endroit ou puisse se cacher Ali La Pointe, c'est au 5, rue de Abderames». Il continue à la page 340 : «Reste à trouver dans la maison l'entrée de la cache. Yacef Saâdi y aidera les parachutistes». Aussi devons-nous rester prudents et vigilants. Ne tente-t-on pas par la manipulation des faits de discréditer les héroïnes et héros de la guerre de Libération afin de créditer la thèse révisionniste, prétendant que l'indépendance n'est pas le fruit d'une lutte de tout un peuple, mais d'une largesse du pouvoir français à partir de 1958 ?
Mes chers aînés, héroïnes et héros de la Révolution, encore vivants, souvenons-nous de la «Bleuite», laquelle a failli décimer la Wilaya III. De grâce, ne reproduisons pas nous-mêmes une seconde «Bleuite», 50 ans après l'indépendance. Cette fois, il ne s'agira pas d'élimination physique de combattants, mais d'un assassinat moral de nos héroïnes et héros encore vivants. Nos jeunes, qui n'ont presque plus de repères, pourront, suite à de telles accusations, perdre les quelques considérations qu'ils ont encore pour celles et ceux qui ont fait la Révolution.
Tous mes respects et considérations pour Yacef, Zohra, les deux Djamila, et toutes celles et ceux qui ont écrit l'une des plus belles pages de la guerre de Libération : «la Bataille d'Alger».


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