Il est vrai que les risques de pollution engendrés par la plateforme pétrochimique vont croissant, menaçant de ce fait toute la population de la région. L'assemblée populaire de wilaya aura donc à présenter le dossier relatif à l'environnement. La sensibilité du sujet commence déjà à attiser les débats. Celui-ci, souvent biaisé, n'a fait, à ce jour, que détourner les regards de beaucoup de nuisances qui minent le quotidien de la population locale, pourtant tout aussi graves, comme les égouts à ciel ouvert, les poussières emplissant les cités, le smog étouffant le centre-ville de Skikda, la désertification qui caractérise nos villes, etc. Comme pour se donner bonne conscience et faire dans le gigantisme, l'attention générale est exclusivement focalisée sur les méfaits générés par la plateforme pétrochimique de Skikda, qui, il est vrai, constitue une grande source de pollution, mais pas l'unique. Dans le but d'éviter tout amalgame, le directeur de l'environnement et le président de l'assemblée populaire de la wilaya de Skikda ont été invités par El Watan à faire part de leur vision des choses et apporter quelques précisions. Pour Aouad Rabah, P/APW de Skikda, le seul fait d'avoir décidé de présenter le dossier de l'environnement en session plénière représente un gage de volonté de la part des élus, celui de débattre de tout ce qui concerne le devenir de la wilaya. A ce propos, il dira : « Depuis notre installation, on n'a pas cessé de présenter des dossiers qui touchent de très près au bien-être de nos concitoyens et au développement de notre wilaya. L'environnement étant un sujet d'actualité mondiale, on se devait d'évoquer l'état de l'environnement de la wilaya de Skikda. » Et d'ajouter : « Nous nous devons de dire que beaucoup de travail a été effectué pour limiter, voire même mettre fin à plusieurs sources de pollution, et nous relevons une grande volonté des pouvoirs publics de donner une considération particulière à ce dossier. L'environnement étant un tout, je tiens également à ajouter que nous entendons accorder une grande importance au volet relatif au cadre de vie de nos concitoyens. » Des responsabilités à délimiter Pour sa part, le directeur de l'environnement de la wilaya de Skikda tiendra au préalable à rectifier une confusion qui a fini par s'ériger en règle lorsqu'on évoque le sujet. Il est vrai que pour le commun des citoyens, et plus grave encore, pour les élus, on impute toutes les lacunes relevées dans le domaine environnemental à la direction de l'environnement. Cette dernière est souvent jugée responsable de toutes les formes de nuisances. Ce qui n'est pas toujours vrai, car quand un égout fuit à longueur de journée, la responsabilité en incombe aux APC, et quand la qualité de l'eau est douteuse, c'est le fait des services hydrauliques. Néanmoins, nous ne cherchons nullement à « blanchir » la direction de l'environnement, elle demeure tout de même responsable du suivi des graves pollutions générées par les installations classées. « Nous sommes responsables de dresser un état de l'environnement et non responsables de l'environnement, et on s'occupe exclusivement des installations classées », dira dans ce sens le directeur de l'environnement. A notre demande d'apporter son appréciation sur l'état environnemental local, le directeur répondra que chaque année un état est remis au ministère, précisant ceci : « Cet état comprend trois volets, à savoir la situation de la biodiversité, de l'eau et des installations classées. Pour la biodiversité, la moyenne du couvert végétal de notre wilaya est de 49%, dépassant de très loin la moyenne nationale qui n'est que de 12 %. » Notre interlocuteur poursuit ainsi : « Pour la situation de l'eau, nous enregistrons un taux de raccordement assez appréciable et nous venons de proposer une étude de pollution et de dépollution de l'oued Saf-Saf. Enfin pour les installations classées, sachez que nos efforts sont concentrés sur la zone pétrochimique qui, je vous l'annonce officiellement, d'ici 2012, verra toutes ses installations se conformer au principe de dépollution. » Il fera également savoir, en conclusion, que la raffinerie a déjà entamé l'opération avec Samsung pour disposer d'un nouveau process de récupération et de réutilisation de ses gaz torchés. Le CP1K qui, il y a quelques années seulement constituait un grand pollueur, a énormément investi en éliminant le mercure et en rénovant sa station de traitement des eaux industrielles. Plus près encore, la cimenterie de H'djar Essoud s'est équipée de filtres à manche pour en finir avec la poussière qu'elle générait, et elle s'apprête à réaliser une ceinture verte autour de ses installations. Il reste maintenant à attendre la présentation du dossier de l'APW, et surtout de voir dans quelles perspectives vont s'inscrire les débats.