Un millier de personnes auraient été victimes de rituels de cannibalisme, au néolithique, vers 5000 ans avant notre ère, sur le site de Herxheim, dans le sud-ouest de l'Allemagne. Des fouilles réalisées de 1996 à 1999, avant la construction d'installations industrielles et commerciales, puis de 2005 à 2008, ont permis de découvrir jusqu'ici les restes de quelque 500 personnes, alors qu'à peine la moitié du site a été explorée. Au total, « plus de 1000 individus » seraient concernés, selon le Laboratoire d'anthropologie des populations du passé, de l'université de Bordeaux-1 France et son équipe de chercheurs français et allemands. Ils ont examiné précisément les restes de six adultes (dont au moins un homme), deux enfants (5 à 7 ans et 15 ans) et de deux fœtus. Les traces sur les os témoignent de tentatives d'enlever les chairs ou de couper des ligaments et tendons « similaires avec des pratiques de boucherie sur les animaux », relèvent les chercheurs, concluant que les dix occupants de ce dépôt « ont été cannibalisés ». Certains os auraient été rongés. Il ne s'agit pas du tout de cannibalisme alimentaire, mais de quelque chose d'extrêmement ritualisé. Les ossements humains sont « déposés de façon extrêmement ritualisée, avec des céramiques qui viennent de très loin, des morceaux d'autres objets, des éléments d'animaux très sélectionnés » (cornes, pattes de chiens, mandibules de carnivores), « tout ça est manifestement extrêmement codifié », ajoute-t-on. Des anthropologues allemands avaient auparavant conclu à des pratiques funéraires. Pour M. Boulestin, il est « impossible que ce soit une mortalité naturelle », compte tenu de l'âge des individus. Sur ce site abritant plusieurs dizaines de « dépôts », ces phénomènes de cannibalisme se seraient déroulés pendant « moins de 50 ans ». Sans exclure la possibilité de sacrifices humains, il relève que « c'est quelque chose d'extrêmement compliqué à démontrer en archéologie ».