Depuis 2007 jusqu'à ce jour, il passe le mois d'août et le début septembre au Club Alloui Hôtel de Béjaïa pour distraire et se faire distraire ! Ce comédien de théâtre a abandonné ses études d'anglais à l'université pour se consacrer à un domaine qui constitue, pour lui, un véritable équilibre. «A vingt ans, mes amis à l'université rêvaient d'avoir leur licence. Moi, par contre, je souffrais énormément car je n'étais pas dans mon milieu, tout simplement», a-t-il avoué. On est au milieu des années 1990 et le terrorisme bat son plein à Blida. La culture est la première cible des terroristes. L'association El Manar est l'endroit où les artistes se rencontrent pour défendre leur cause et faire de la résistance. Waheed Nehab en faisait partie. «On a reçu des menaces de mort. Mais notre amour pour l'art et la culture nous donnait énormément de force. Au siège de l'association, j'ai eu le privilège de connaître le grand Settouf, aujourd'hui disparu, et Mahfoud Benayachi, aujourd'hui malade et marginalisé. Ces deux hommes de théâtre, connus sur la place de Blida, m'ont beaucoup donné pour ce qui est de l'art dramatique», témoigne-t-il. De répétition en répétition, Waheed se professionnalise davantage. Il apprend les différentes écoles théâtrales et arrive à concilier théorie et pratique. Son look ne trompe pas sur ses penchants artistiques. Il constitue, aujourd'hui, un bon exemple de relève dans une ville considérée jadis comme étant le berceau du théâtre et qui a perdu cet art disparu ces dernières années de son paysage culturel. «Ça fait mal au cœur de voir des salles de théâtre fermées pour des raisons qu'on ignore. La prestigieuse salle Mohamed Touri en est le bon exemple. Les victimes sont surtout les jeunes ayant une vocation théâtrale. Ils souffrent énormément», regrette-il. En 2000, il joue son premier rôle au cinéma et en 2003, dans le cadre de «L'année de l'Algérie en France», il assure un monologue intitulé Monnaie de tous les temps. Profitant de sa présence à Paris, Waheed suit une courte formation liée aux techniques de comédien. A partir de 2006, il se lance dans l'animation événementielle. Des chansons bien choisies et beaucoup de comédies pour assurer l'ambiance. Sa cible première est l'enfant. «Je m'amuse avec les enfants à faire la fameuse danse des canards pour qu'ils se distraient et surtout pour leur passer des messages liés notamment à la préservation de l'environnement», raconte-il. Depuis quelques années, il travaille avec son ami Halim Chanane, détenteur d'une micro-entreprise — Le petit théâtre —. En 2010, ils ont reçu le grand Prix de la 4e édition du Festival du théâtre de la marionnette à Aïn Témouchent. Début 2014, ils ont aussi participé au Festival de la marionnette en Tunisie. «Nous avons plu aux organisateurs. Du coup, ils ont décidé qu'on assure la clôture de cet événement international», déclare-t-il avec fierté.