Vous avez rencontré aujourd'hui (jeudi) le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Quels ont été les sujets débattus lors de cette rencontre ? La discussion a duré trois heures. Nous avons débattu de plusieurs sujets ayant trait surtout au foncier, au financement des entreprises et à la nouvelle orientation du gouvernement en matière d'investissement. En ce qui concerne le foncier, nous avons relevé certaines anomalies liées à la procédure des enchères. Au sujet du financement des entreprises nous avons émis le vœu que les crédits mobilisés soient beaucoup plus lourds afin de permettre la maturation des projets lancés par les entreprises. Nous avons débattu aussi avec le Premier ministre des relations économiques de l'Algérie avec le reste du monde et nous avons demandé, à ce sujet, une évaluation de l'Accord d'association conclu avec l'Union européenne et un contrôle plus strict des produits venant de la Zone arabe de libre-échange. S'agissant des investissements, nos discussions ont porté particulièrement sur la règle 49/51%. Quel sera l'apport du gouvernement pour permettre à l'entreprise algérienne de s'impliquer dans les projets d'investissement public ? Nous sommes désireux d'apporter notre concours à la mise en œuvre des procédures de soutien à l'appareil productif algérien. Cela passera, à notre avis, par l'adoption d'un nouveau modèle de croissance qui repose sur la dépense publique en associant les PME-PMI. Il faudra que l'entreprise algérienne soit impliquée et associée à la réalisation des projets d'investissement public. Nous avons maintenant une enveloppe portée à 285 milliards de dollars et nous croyons qu'il s'agit là d'une opportunité de plus pour la promotion et le développement des PME-PMI. Cela passera bien évidemment par, notamment, la bonification des taux d'intérêts pour les entreprises. Il s'agit aussi de consolider le plan de mise à niveau des entreprises. Nous avons un lot de 20 000 entreprises concernées par cette action de mise à niveau pour les cinq prochaines années. Concernant le financement de l'investissement, le Premier ministre a confirmé son accord sur la nécessité d'aller vers des crédits lourds échelonnés sur plusieurs années afin de permettre la maturation des projets. Le financement devra être renforcé par de nouveau mécanismes, à l'instar du leasing et du capital risque. lVous avez aussi débattu de la récurrente question liée au crédoc. Quelle est la position de M. Ouyahia à ce sujet ? Effectivement, nous avons débattu de la question liée au crédit documentaire (crédoc) et le Premier ministre a été intransigeant sur le maintien du dispositif et la lettre du crédit. Mais il s'est montré prêt à débattre de toutes les solutions à même de faciliter aux producteurs nationaux la procédure liée à la mobilisation du crédit documentaire. Allez-vous intégrer le mécanisme des tripartites trimestrielles, qui devrait asseoir un dialogue permanent avec le Premier ministre ? D'après notre compréhension et l'exposé qui nous a été fait, nous avons eu à relever deux niveaux de lecture. Primo, il y a eu cette invitation du Premier ministre à le rencontrer chaque trimestre afin de discuter de toutes les questions liées à l'entreprise. La tripartite a déjà sa propre feuille de route. Si nous n'avons pas intégré la tripartite jusqu'ici, c'est que ce cadre de discussion ne répondait pas à nos attentes et qu'elle était consacrée aux questions salariales. Je crois que la nouvelle conception du dialogue social, qui repose désormais sur des réunions chaque trimestre, est différente de la précédente mouture. Cette nouvelle conception est plus compatible avec notre vision des choses. Nous sommes tout à fait d'accord sur le fait de nous associer aux discussions tripartites trimestrielles. Mais une intégration pleine et définitive dans le mécanisme de dialogue tripartite dépendra d'un accord de la base.