Dix-sept patrons se sont vus infliger de lourdes sanctions. Ils n'ont pas respecté les limites des zones de pêche, fixées selon le type et le gabarit des embarcations, et n'ont pas non plus tenu compte de l'interdiction de pêcher pendant la période de reproduction qui s'étale de juin à août. « Ceci est d'autant plus grave depuis que l'on sait que le golf d'El Kala est une véritable frayère et nurserie pour des dizaines d'espèces de poisson et crustacés », déplore le directeur de la Chambre de la pêche et de l'aquaculture, qui regrette que les campagnes d'information et de sensibilisation sur ce sujet n'aient pas porté leurs fruits. Pour leur part, les contrevenants s'expliquent en invoquant l'âge et la vétusté de leurs embarcations et engins de pêche, qui ne leur permettent pas d'aller au-delà des 3 miles (environ 5,5 km) de la zone d'exploitation comme le leur impose la loi. A l'exception de deux armateurs, qui ont pris sur eux d'acquérir sur fonds propres leurs embarcations, ce sont les mêmes coques de noix datant des années 1970 qui se serrent dans la darse du port actuel dans l'attente du nouveau qui fêtera bientôt ses 20 ans en chantier. Les pêcheurs d'El Kala sont, en effet, les seuls au niveau national à ne pas avoir pu pofiter à temps des dispositions et des avantages des aides octroyées par les deux plans de relance économique affectés au secteur de la pêche. Et on n'a jamais rien tenté pour y remédier. Toujours selon le directeur de la Chambre des professionnels, « les nouveaux investissements, s'ils venaient à voir le jour, se heurteraient à l'exiguïté du port actuel. Tout essor de la pêche à El Kala ne peut s'envisager sans la réception du nouveau port ». Ce que les pêcheurs contestent vivement. A ce propos, ils déclarent : « Le nouveau port ne changera rien à la situation. On essaye de faire croire qu'avec du béton partout, l'Algérie va se développer. C'est faux, s'il n'y a pas de modernisation des équipements, de la formation et surtout la disponibilité du poisson,la pêche n'offre aucun avenir aux jeunes. » En effet, les pêcheurs d'El Kala, les « vrais », comme on dit ici pour les distinguer des pilleurs de corail, se plaignent de la dévastation des fonds marins causée par la récolte illicite du corail. « Le corail est aux poissons de nos côtes, spécialement les petits, ce que la forêt est aux animaux sur la terre. Ils ont défriché le continent, maintenant, ils s'attaquent à la mer », expliquent-ils avec colère. Un bilan annuel de la station maritime des gardes-côtes d'El Kala fait état, pour sa part, de 500 embarcations contrôlées. Par ailleurs, 500 P.V ont été dressés pour infraction à la navigation réglementation et 600 autres pour infraction à l'exercice de la pêche ; 30 kg de corail, 10 kg de drogue, 600 engins de pêche d'une valeur de 5 millions de dinars ont également été saisis.