Au terme de cette année 2009, l'annexe de l'Institut Pasteur d'Algérie de M'sila a diagnostiqué plus de 2800 cas de leishmaniose cutanée pour la seule ville de M'sila et sa périphérie. Ce sont pas moins de 60 personnes, sans distinction d'âge et de sexe, présentant plusieurs lésions sur le corps, qui pointent chaque jour au niveau de cette institution pour se faire diagnostiquer. Pour Boudrissa Abdelkrim, responsable de cette annexe, « la prolifération de cette maladie obéit à une certaine règle qui fait qu'il y a flambée de leishmaniose pratiquement tous les 3 et 4 ans. Par le fait, a-t-il soutenu, que l'infestation qui, en temps normal, concerne uniquement le rat des sables, qui demeure en fait confiné aux abords des chotts, prend de l'ampleur au terme de cette amplitude de 3 à 4 ans et frappe à grande échelle par le biais des rats des champs qui prennent le relais dans la dissémination de la maladie. La dernière flambée remonte à 2005, où il avait été enregistré à l'échelle nationale plus de 31 000 cas, et quatre années plus tard, autrement dit 2009 qui, annonçant une nouvelle flambée, vérifie la règle de sa périodicité ». Pour l'année 2008, il a été enregistré à l'échelle de la wilaya 3865 cas, alors qu'on a diagnostiqué 3500 cas en cette fin d'année 2009 pour seulement l'annexe de l'Institut Pasteur, les deux EPSP de M'sila et de Bou Saâda (sur les six EPSP que compte la wilaya) et quatre établissements hospitaliers. Devant le caractère implacable de cette règle, d'aucuns s'interrogent sur l'efficience de la politique de lutte contre cette maladie qui a été menée depuis des années par les APC qui sont dépourvues de moyens aussi bien humains que matériels. En fait, il n'y a eu que du bricolage. Ce ne sont pas les opérations de désinsectisation des soi-disant foyers sommairement menées par les APC qui vont mettre un terme à cette récurrente pandémie. Pour M. Boudrissa, il est devenu impérieux de chercher d'autres moyens de lutte contre la leishmaniose cutanée, notamment par une éducation sanitaire efficiente, pour générer d'autres réflexes à travers l'utilisation de moustiquaires et une meilleure hygiène du milieu. En attendant la mise en place d'une nouvelle vision pour la lutte contre cette maladie par la mise en œuvre de moyens adéquats à même de rompre sa périodicité et d'atténuer efficacement sa morbidité, les populations, dans les régions steppiques infestées continueront à subir indéfiniment les effets de ces flambées cycliques de leishmaniose cutanée.