Photo : Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Dans la hiérarchie des maladies transmissibles, les MTH connaissent un recul perceptible. A contrario, ce sont les zoonoses qui ont pris le relais sur le territoire national, en général, avec une moyenne (plus de 50% au 31.12.2006), qui, à quelques nuances près et celle prévalant dans ses différentes régions avec néanmoins une présence géographique plus importante, s'agissant de l'est du pays aux wilayas de Msila, Khenchela et Batna, voire Tébessa (leishmanioses cutanées). Autrement dit, des portions géographiques directement limitrophes ou proches l'une de l'autre.» C'est le constat de Mme Atoui, maître assistant au service épidémiologique du CHU Constantine. Notre interlocutrice ajoutera : «Au-delà de la proximité géographique, nous avons remarqué au cours de nos investigations qu'il y a également un autre facteur déterminant. Les zoonoses, et plus particulièrement les leishmanioses cutanées ou virales, touchent plus les personnes du sexe masculin que celui féminin… mais aussi les enfants dont la tranche d'âge se situe entre 0 et 4 ans.» Pourquoi les hommes plus que les femmes lui avons-nous demandé ? «Par effet de propagation dû, évidemment, à la mobilité et aux facultés de déplacement qui concernent les personnes de sexe masculin par rapport aux femmes.» Les zoonoses (du latin zoo : animal) ne sont plus des maladies réputées à ancrage rural, et si elles le sont la situation est quelque peu plus dramatique dans la mesure où elles se sont déplacées vers la ville, sans nul doute en raison de la présence phénoménale d'animaux errants dont les chiens et les rongeurs grands vecteurs des maladies transmissibles. Il n'est pas exagéré de parler d'une forme de ruralisation des cités urbaines parmi les plus importantes. Dans l'est du pays, le plus important taux de leishmaniose virale est recensé à Mila et le foyer essentiel lui-même localisé à Ferdjioua (une trentaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya) avec une extension vers les wilayas voisines : Sétif et Jijel. Constantine n'est pas en reste et le constat pourrait être éloquent vu le nombre de cas de kyste hydatique qui induit forcément la conclusion d'une ruralisation de la ville, sinon de la trop forte présence non contrôlée d'animaux suspects et de la mobilité des populations avec des contacts étroits entre personnes saines et d'autres qui ne le sont pas. Selon le Dr Atoui, la leishmaniose se présente sous deux formes : cutanée et virale. Celle-ci étant souvent mortelle, a été identifiée, en 1911 en Algérie, et fait l'objet du plus grand intérêt de la part des pouvoirs publics et des secteurs directement concernés, lesquels actionneront un arsenal réglementaire faisant injonction de déclaration obligatoire de tout cas recensé (arrêté ministériel n°179/90 et circulaire d'application n°1126). Dangereuse, onéreuse sur le plan socio-économique et… mortelle, la leishmaniose a quand même été à l'origine de 250 décès recensés sur une quinzaine d'années dans la wilaya de M'sila.«Il est clair qu'une prise en charge rapide, soutenue et méthodique, est à même de contrer l'avancée endémique et l'étendue épidémique des maladies transmissibles comme cela a été le cas pour les MTH. Il est impératif que l'action sectorielle soit cohérente. L'implication des citoyens n'est plus seulement souhaitable mais essentielle pour ne pas dire obligatoire.