A Bordj El Kiffan, le travail que fait la municipalité dans le domaine de la collecte des déchets ménagers ne suffit pas pour endiguer toute l'insalubrité qui règne dans les quartiers et les lotissements d'habitation. Certaines cités et les quartiers de la commune sont devenus des dépotoirs où s'amoncellent des ordures et des détritus en tous genres. Cette situation prévaut essentiellement dans les quartiers de la périphérie, notamment à Rassauta, Kaïdi, Si Smaïl, L'artisanat et au lieudit Les enveloppes. En venant de la cité Kaïdi vers le lotissement Rassauta, les ordures envahissent le moindre espace, notamment sur le bas-côté de la route. Les vendeurs informels de fruits et légumes, installés durablement dans cette partie de la ville, jettent leurs déchets à proximité de leurs camionnettes et dans un terrain agricole qui n'est plus cultivé. Sur une étendue de plusieurs centaines de mètres, les sachets et les bouteilles en plastique couvrent tout le périmètre. Outre les déchets laissés par les marchands de fruits et légumes, tout le tronçon de route est envahi par les ordures ménagères. Des sacs remplis de détritus sont entreposés dans les encoignures des maisons en attendant d'être ramassés par le service de la voirie de l'APC. L'absence d'hygiène a atteint même les édifices publics. Un mur, nouvellement construit par les autorités locales, sert de dépotoir aux riverains. Ces derniers déposent leurs poubelles à cet endroit, maculant le mur d'enceinte et les espaces y attenant. A une encablure de là, un autre terrain vague sert également de décharge. Les habitants y jettent leurs ordures dans l'indifférence la plus totale. A Si Samil, un lotissement tentaculaire, les immondices s'amoncellent devant les écoles, le centre de santé et même devant une annexe de l'état civil. La situation dans les entrailles du quartier n'est guère meilleure. La plupart des rues et ruelles du quartier n'étant pas goudronnées, l'insalubrité et le manque d'hygiène y sont poignants. A partir du quartier Si Smaïl, jusqu'à l'entrée nord du Hamiz, les points noirs s'enchaînent. La route qui relie le lieudit L'artisanat au Hamiz est jonchée de décharges sauvages, particulièrement aux abords des hameaux de maisons. Des vendeurs informels ont élu domicile durablement sur cet axe routier. A l'approche du lieudit L'artisanat, les décharges anarchiques ponctuent le parcours. «Les vendeurs de fruits et légumes laissent leurs ordures sur le bord de la route, conférant à celle-ci des allures de décharge à ciel ouvert», déplore un usager de ce tronçon. Le plus déconcertant reste incontestablement l'insalubrité qui règne au niveau de la RN24. Les habitants des quartiers et lotissements qui longent cet important axe routier déposent leurs sacs poubelles sur le terre-plein de la route. A Mouhous, un autre lotissement d'habitation, se trouvant également sur la RN24, les habitants et les propriétaires des commerces déposent leurs poubelles carrément à un arrêt de bus. «Nous sommes obligés de déposer nos sacs poubelles à cet endroit, car les camions de l'APC ne passent pas dans toutes les rues du lotissement», confie un habitant de Mouhous. Les résidants de la commune de Bordj El Kiffan affirment majoritairement que les rotations des camions de l'APC sont insuffisantes pour collecter toute la quantité de déchets générés par les foyers. «Le camion de l'APC passe deux fois par semaine. C'est insuffisant. Et c'est pour ça que les sacs poubelles ne quittent jamais le paysage urbain. Ils font partie désormais de notre quotidien. Nous lançons un appel aux responsables locaux afin qu'ils redoublent d'efforts pour endiguer l'insalubrité et le manque d'hygiène dans notre commune. D'autant plus que les pouvoirs publics ont doté l'APC de tous les moyens nécessaires pour l'accomplissement de cette tâche. Il n'y a donc pas de raison pour que nous vivions dans un environnement insalubre. Ce n'est en fin de compte pas une question de moyens, mais de bonne gestion», confie un habitant de la commune. Les autorités locales s'en défendent D'après Ahcène Omar, vice-président chargé de l'environnement et de l'aménagement du territoire, cette situation d'insalubrité est due à l'absence de civisme de certains habitants de la commune : «Je vous invite à sortir avec nous pour voir le travail que nous effectuons quotidiennement», suggère-t-il. Et d'ajouter : «Les camions d'Extranet sont à l'œuvre de 4h du matin jusqu'à des heures tardives le soir. Ils sillonnent les quartiers et lotissements de la commune et collectent tous les déchets ménagers. Certains habitants ne respectent cependant pas les horaires de sortie des poubelles, ce qui amoindrit notre travail.» Il est vrai que le comportement de certains habitants de la commune en matière d'hygiène est déconcertant. La manière avec laquelle ces habitants dégradent leur propre environnement et altèrent leur cadre de vie est surprenante. «Les habitants de certains quartiers ne respectent pas les horaires de sortie des poubelles. A peine le camion d'Extranet est-il passé que la même quantité de déchets réoccupe les mêmes endroits», affirme Ahcene Omar. Et de poursuivre : «Extranet a été dotée en moyens humains et matériels pour faire le travail de la collecte d'une manière efficiente. Une quinzaine de camions appartenant à l'APC ont été transférés pour le compte d'Extranet, en plus des camions dont elle a été équipée. Néanmoins, il faut reconnaître que ces moyens sont insuffisants». Si les responsables locaux parlent d'absence de civisme, où est alors le travail de sensibilisation qu'ils sont censés mener ? «Ce sont les responsables de l'APC qui ne font pas leur travail. Ils doivent informer les habitants de la commune par le biais d'affiches sur les horaires de sortie des poubelles», affirment les habitants. «Il n'y a aucune démarche dans ce sens. C'est la preuve que les responsables locaux ne nous accordent aucun intérêt, nous citoyens», déplorent-ils. S'agissant des opérations de tri sélectif lancées par la wilaya il y a quelques années déjà, l'APC de Bordj El Kiffan, à l'instar de la majorité des APC de la capitale, n'a presque pas avancé. Cette opération est restée au stade d'expérience. Des cités choisies comme pilotes de l'opération ont été dotées de bacs pour le tri sélectif. Ces derniers ont été dégradés puis ont complètement disparu. Aucun suivi n'a été mis en œuvre pour généraliser le tri sélectif. Signalons que la commune de Bordj El Kiffan est une commune côtière. Elle compte nombre de plages qui sont autorisées à la baignade. Toutefois, la plupart de ces plages sont sales et malfamées. Le nettoiement des rivages se fait à l'approche de la saison estivale. En dehors de cette période, les plages sont laissées à l'abandon. Elles deviennent des dépotoirs pour les sachets noirs, les bouteilles en plastique et les canettes de bière. Le phénomène de l'insalubrité et du manque d'hygiène dans les communes de la capitale ne peut être endigué sans les efforts de tout un chacun. Le travail des responsables locaux reste pourtant prépondérant.