A travers cette mesure, le gouvernement voulait donner un coup de frein à la facture des importations qui a atteint 40 milliards de dollars en 2008. L'usage du crédit documentaire (crédoc) sera soumis à une « organisation appropriée » afin de permettre aux entreprises nationales productrices de valeur ajoutée de s'y habituer, a révélé Abderahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF). « Nous avons mis en place un corridor spécifique destiné à simplifier l'usage du crédoc par les entreprises nationales productrices de richesses. Celles qui font de la revente en l'état ne sont pas concernées. Ce corridor n'est pas un cadre juridique. C'est plutôt une organisation appropriée de travail », a-t-il expliqué hier, en marge des travaux d'un séminaire sur le thème « Installation de la PME française en Algérie » organisé à Alger par Finances et conseil Méditerranée (FCM). M. Benkhalfa a souligné que « ce corridor devra aider les entreprises déjà fragilisées » à s'approvisionner en matières premières de manière moins contraignante. Dans ce sens, les banques nationales ainsi que les filiales des banques étrangères sont en train de faire un travail à même de « diminuer les coûts et les commissions rattachées au crédit documentaire », a ajouté M. Benkhalfa. En outre, les délais de mobilisation du crédoc seront ramenés à la baisse, de même qu'une liste des correspondants à l'étranger sera établie. « Ce corridor spécifique est déjà mis en place et s'élargit selon le style maison de chaque banque », a-t-il mentionné. Selon lui, les chargés du crédoc au niveau des PME bénéficieront en outre d'une formation « appropriée ». Rassurant encore, le premier responsable de l'Abef a fait savoir que sur un millier de crédoc qui ont transité par les banques depuis août 2009, bon nombre de dossiers « ont été traités avec doigté et flexibilité » en faveur de certaines entreprises productrices de richesses. Par ailleurs, François-Xavier de Fornel, président de l'association française FCM, a indiqué que le crédoc favorise largement le fournisseur au détriment du producteur. « Le crédoc est un frein aux importations. C'est une forme de limitation qui favorise beaucoup plus le fournisseur. Le volume des échanges a baissé » entre l'Algérie et la France, commente-t-il. Notons que l'application du crédit documentaire, depuis août 2009, comme seul moyen de paiement des opérations de commerce extérieur a soulevé une tempête de colère parmi les opérateurs économiques. A travers cette mesure, le gouvernement voulait donner un coup de frein à la facture des importations qui a atteint 40 milliards de dollars en 2008. Mais il se trouve que la courbe des importations s'est maintenue au même niveau qu'en 2008, flirtant toujours avec la barre des 40 milliards de dollars en dépit des mesures comprises dans la loi de finances complémentaire 2009, destinées, dit-on, à « lutter contre les importations inutiles ». Le gouvernement a tenté de justifier cette tendance ascendante par la hausse de la facture consacrée à l'équipement, très nécessaire, d'après l'Exécutif, au parachèvement des projets d'infrastructures.