«En cet anniversaire cher à l'Algérie démocratique, le RCD appelle à la vigilance et à la mobilisation. La vigilance d'abord, car le pouvoir nous a habitués, dans les contextes politiques de règlements de compte claniques, à créer des abcès de fixation pour faire diversion. C'est d'autant plus vrai que la situation financière, les scandales liés à la corruption et à l'instrumentalisation de la justice ne manqueront pas d'inciter une ou des factions à se lancer dans la provocation», a écrit cette formation politique dans un appel rendu public hier. Le RCD évoque des «tentatives de commémoration officielle du 20 Avril à travers la mobilisation des relais du pouvoir en Kabylie inféodés aux milieux maffieux». Un fait qui n'est, estime cette formation politique, que la partie visible d'une volonté de «dévoyer le sens des revendications de liberté et de démocratie qui sont aux antipodes des orientations et pratiques de ce même pouvoir». Ce parti de l'opposition cite «les interdictions de conférences publiques qui lui ont été opposées, comme elles ont été opposées également aux étudiants». Des interdictions qui «participent d'une pitoyable tentative de donner une visibilité à des agents vomis par la population». Le RCD souligne le contexte politique et économique difficile dans lequel sera célébré Avril 1980. Il considère que l'Algérie plonge dans l'incertitude et que la conjoncture politique, financière et sociale est «porteuse de dangers pour la nation». Pour cette formation politique, membre de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), «l'obstination d'un système qui a exercé son diktat sur le peuple algérien pour perdurer, outre la régression économique et sociale qu'il a générée, est maintenant la source d'une crise éthique et morale qui provoque une sidération paralysant les énergies et les intelligences». Ce parti estime ainsi qu'«une telle dérive» pèse sur la cohésion et l'unité du peuple algérien. Le RCD s'est également élevé contre ce qu'il qualifie de «propos-chantages» et «les surenchères verbales» du régime, qu'il considère «contre-productifs et ne peuvent constituer un programme politique qui ambitionne de rassembler les Algériennes et les Algériens autour de la construction d'une société de progrès et de justice». Abordant la situation des libertés démocratiques en Algérie, le RCD affirme que «la dénonciation des atteintes aux droits de l'homme et de la soumission de l'appareil judiciaire aux intérêts claniques, les luttes syndicales en faveur de la préservation du pouvoir d'achat des travailleurs ou les revendications pour un meilleur équilibre régional sont des facteurs de stabilité». Ce parti est revenu, en outre, sur l'amazighité qui s'est imposée par le combat de générations entières. Il considère que l'officialité de seconde zone codifiée dans la dernière Constitution du pouvoir consacre, une fois de plus, le fossé qui sépare la majorité du peuple algérien et un pouvoir piégé, englué dans ses affrontements claniques. Appelant la population à rejoindre les marches du 20 Avril, le RCD réclame «l'officialisation pleine, entière et effective de tamazight, la levée de toute interdiction sur les activités politiques et le maintien des projets socioéconomiques programmés».