C'est une semaine triste pour la culture algérienne. Après le départ de l'artiste-peintre, Ali Ali Khodja, et du chanteur châabi, Abdelmalek Imansouren, c'est la comédienne et chanteuse Nadia Karabache de partir sur la pointe des pieds une nuit d'hiver. Nadia s'est éteinte, lundi soir, à l'âge de 72 ans à Alger. Elle a été enterrée hier au cimetière de Bologhine sous la pluie de février. Avec sa voix chaude, celle de son Orient natal, puisque Nadia est originaire de Syrie, la chanteuse a laissé dans le répertoire musical algérien plusieurs titres. Certains avaient été de véritables succès dans les années 1970 et 1980, comme Ya Delal, Enta laâbet laâba, Hakda bghali sâadi, Mazalni maâk, Shabet Seif, Dhabet Echamaâ, etc. Le parolier Mohamed Lahbib Hachelaf lui a donné plusieurs de ses précieux textes. Nadia a beaucoup travaillé avec les compositeurs, comme Merzak Boudjemia, Saïd Sayeh, Chérif Kortbi, Missoum, Maâti Bachir et d'autres. En bref, les plus grands compositeurs de la musique moderne (Aâsri) algérienne. Certains sont tombés dans l'oubli, d'autres ont quitté ce monde. Pendant longtemps, Nadia a fait du théâtre-radio, une grande spécialité algérienne, mais qui est toujours sous-estimée, dévalorisée. Productrice à la chaîne I de la Radio nationale, Nadia a animé des émissions pendant plus de 20 ans. Réservée et humble, elle est partie sans faire de bruit. Elle n'a malheureusement — comme la plupart des artistes algériens — pas laissé de mémoires sur un itinéraire professionnel riche. Nadia (qui n'a rien à voir avec la jeune Nâdiya Zighem, l'interprète de Electron libre ou de J'irai Jusque-là), a laissé une discographie variée. A charge du ministère de la Culture de reprendre tous les titres et de les réediter pour refaire découvrir une dame qui fut grande par sa simplicité et son goût raffiné.