Inscrite dans le cadre du Mois du Patrimoine, l'exposition de photographie de Kays Djilali s'intitule «Aurès : patrimoine, mémoire et résistance», un triptyque qui exprime bien l'histoire et l'âme de cette région de l'Algérie, riche d'une personnalité historique, humaine et culturelle marquante. Pendant plus de cinq années, le photographe a arpenté les coins et recoins des Aurès, ne négligeant aucune piste, des plus connues aux plus insoupçonnables, des plus prestigieuses aux plus humbles. Le catalogue de la manifestation exprime bien l'amplitude et la diversité du regard porté sur ce territoire fascinant de notre pays : «Chaque itinéraire a amené le photographe à une ou des rencontres avec des hommes et des femmes qui portent leur ville ou leur village par leur contribution à l'histoire contemporaine de la terre aurassienne : des acteurs de la guerre de Libération nationale, des pionniers de la chanson chaouie, des écrivains, des comédiens, des peintres, des artisans, des éleveurs, des gardiens de sites protégés, mais aussi des collectionneurs, des amoureux de la chasse… Toutes ces rencontres faites à Batna, Khenchela, Oum El Bouaghi et Biskra ouvrent des fenêtres sur la géographie, l'histoire, l'architecture, la faune, la flore, les thermes, les forêts, les sites…» C'est donc un kaléidoscope chaoui qui nous est proposé, celui-là même qui avait donné lieu à l'édition d'un beau livre (Chihab, 2011, avec des textes de Nadia Bouseloua, Rachid Mokhtari et Philippe Thiriez) et avait nécessité un périple d'environ 4500 km à travers les Aurès. Au cours de cette véritable expédition photographique, un fonds de plus de 8000 clichés a pu être constitué, une somme documentaire et artistique précieuse que le tirage en grand format rend encore plus spectaculaire que dans l'ouvrage édité. Le projet comme l'exposition présente ont été portés par la dynamique association des Amis du Medghacen, ce monument amazigh exceptionnel situé près de Batna, à la fois objet et symbole de l'action entreprise qui s'étend désormais à l'ensemble du patrimoine matériel et immatériel de la région avec des initiatives souvent originales qui mêlent la dimension scientifique et la participation populaire, notamment en direction des enfants et des jeunes. Pour ce projet, l'association a mobilisé l'un des meilleurs photographes algériens actuels, alliant sensibilité, talent et maîtrise, et lui apportant une assistance passionnée qui a donné ce résultat à la fois authentique et contemporain. Kays Djilali est connu pour ses collaborations à de nombreux magazines et ouvrages et il est l'auteur d'un reportage mémorable sur les migrants africains réalisé au moment où cette thématique n'était pas encore au sommet de l'actualité. Il a exposé dans plusieurs capitales du monde, comme Pékin, Bamako, Casablanca, Prague, etc. Organisé par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel en partenariat avec l'association des Amis du Medghacen, l'ouverture de l'exposition se fera dans une ambiance en trois dimensions, sollicitant divers aspects de la fête traditionnelle des Aurès. Une surprise où le baroud précédera la contemplation.