«Pendant deux ans, les différents responsables, à travers tous les maquis, agissaient individuellement selon leur bonne foi. Il n'y avait ni organisation, ni réglementation, ni instructions. Il fallait combattre et c'est tout», dit-il. Après tractations et consultations entre différents responsables de la Révolution, c'est le village de la Qalaâ Nath Abbès, sis dans les Bibans, et cela pour plusieurs raisons, qui a été retenu, précise Djoudi Attoumi. «D'abord parce que le village est pratiquement au centre du pays, ensuite pour rendre hommage à ce village historique qui a été la capitale de l'insurrection de 1871, mais il y a eu ce regrettable incident de la mule qui a livré aux Français les documents secrets du Congrès. Les délégations continuaient d'arriver et il fallait très vite prendre une décision. Le tandem Amirouche-Krim Belkacem a tout de suite réagi et choisi le site d'Ifri», précise-t-il encore. Ifri a l'avantage d'être proche de la Qalaâ Nath Abbès. Les deux sites se font pratiquement face par-delà la vallée de la Soummam. Les délégations qui commençaient à affluer n'avaient donc pas un long déplacement à faire pour arriver au nouveau lieu choisi pour le Congrès. Il n'y a aucun village harki dans la région et la population est totalement et entièrement engagée dans la Révolution. Le seul problème est que le lieu n'offrait vraiment pas de conditions de sécurité car il n'est qu'à une heure de marche de postes militaires français. «Il était quadrillé de postes militaires et pourvu de routes carrossables où l'ennemi pouvait intervenir très rapidement», précise Djoudi Attoumi. «Amirouche avait mobilisé 3000 moudjahidine et chaque village autour d'Ouzellaguen était devenu une garnison. Dans chaque village, il y avait une compagnie et ils avaient pour instruction de ne pas reculer, d'affronter l'ennemi jusqu'à la mort. Abderrahmane Mira, lui, avait été envoyé en haute Soummam pour harceler l'ennemi et faire diversion», dit-il. En sus de la sécurité, l'autre problème posé par Ifri était d'ordre logistique. «Avec l'arrivée de tous ces combattants et congressistes, le nombre de la population à Ouzellaguen avait doublé. Il fallait assurer le ravitaillement sans attirer l'attention des indicateurs de l'armée française qui surveillaient les faits et gestes de tout le monde et spécialement les boulangers, les épiciers, etc. Donc, on s'approvisionnait des localités alentour comme Akbou, Sidi Aïch et Ath Ziki pour ne pas attirer l'attention et éveiller la suspicion. Le Congrès s'est donc tenu pendant 10 ou 11 jours autour d'Ifri, Thimliouine et Izemmouren, et à part une poignée de chefs, personne ne savait exactement ce qui se passait», raconte Djoudi Attoumi.