L'Union africaine en était hier à condamner le coup d'Etat au Niger. Elle semblait bien seule à le faire, le monde ayant apparemment d'autres préoccupations, ou encore dirait-on, que l'Afrique est bien loin et n'intéresse plus personne. Un autre coup d'Etat et ce sera encore et toujours le putsch de trop car l'Afrique a d'autres préoccupations qui ne se confondent absolument pas avec la fascination du pouvoir. C'est s'engluer dans d'incroyables considérations et prendre en otage, sinon hypothéquer, toute forme de développement et la promotion de la démocratie. C'est pourquoi l'Afrique est bien dans son rôle, elle qui a décidé, depuis le sommet d'Alger de 1999, de bannir tous les régimes anti-constitutionnels et de favoriser la bonne gouvernance. Et dire que depuis cette date, les putschs sont devenus encore plus nombreux, sinon qu'ils se produisent à la même cadence et à la moyenne qu'on leur connaît. La simple suspension au sein de l'UA n'a jamais été dissuasive, la réalité africaine demeurant la plus forte avec ce nouveau putsch que personne, à vrai dire, n'excluait depuis le coup de force du président déchu. Après dix ans au pouvoir, Mamadou Tandja a fait sauter tous les verrous constitutionnels pour s'y maintenir. Il a ainsi plongé son pays dans une phase d'instabilité que cette même Union africaine tentait de régler par la voie de la négociation. Même Washington – et le fait est rare pour ne pas être relevé – considère que l'action de Mamadou Tandja a précipité le coup d'Etat. Une explication mais pas une justification, précise-t-on de même source. Bien entendu, Mamadou Tandja a fait l'unanimité contre lui jusque dans les rangs de l'armée, comme cela vient de se vérifier. Là n'est qu'une explication, car au Niger, rappelle une source bien avisée, « il y a tradition de coup d'Etat ». Cela veut-il dire qu'il faille attendre pour voir ? Autrement dit, comme le veut par ailleurs la tradition africaine, juger sur ses actes le « Conseil suprême pour la restauration de la démocratie », le nouvel organe dirigeant qui a suspendu la constitution et dissous toutes les institutions, est déjà destinataire d'appels pour aller vite vers de nouvelles élections. Ou encore un retour rapide à l'ordre constitutionnel, une expression plutôt vague et imprécise. De quel ordre peut-il bien s'agir ? Celui d'avant le putsch de jeudi ou bien celui de l'été dernier grâce auquel le président déchu a pu conserver le pouvoir ? En fait, tout est d'une extrême importance pour le Niger en quête de stabilité, à vrai dire depuis les premières années de son indépendance, connu pour être un pays pauvre mais grand producteur d'uranium. N'a-t-il pas été accusé d'en avoir fourni à l'ancien régime irakien ? Ce qui s'est avéré faux, bien entendu. Et d'ailleurs, l'une des actions du déjà ex-président nigérien a été de diversifier les partenaires étrangers avec la conclusion de nouveaux contrats afin de procurer à son pays plus de ressources financières. Tandja a perdu mais le Niger n'a encore rien gagné. C'est cela, le drame de l'Afrique.