Une promotion immobilière de Sonatrach suscite convoitise et grogne à Béjaïa. Au centre-ville (cité Edimco), 164 unités réalisées ont été attribuées dans des conditions jugées « opaques » par des travailleurs qui crient au « scandale » et en veulent particulièrement à la direction des œuvres sociales (DOS), à Alger. Des responsables et cadres syndicaux sont montrés du doigt et accusés de s'être servis ou d'avoir fait bénéficier leurs proches et des personnes n'émargeant pas à la direction régionale de Béjaïa (DRGB). Selon une source bien au fait du dossier et qui requiert l'anonymat, ces logements sont érigés sur un terrain cédé par le wali de l'époque « à titre gratuit et au profit des seuls travailleurs de la DRGB ». La convoitise est attisée par l'emplacement enviable de ces logements, mais surtout par leurs prix plus qu'intéressants : 2 millions de dinars pour un F4. Dans une correspondance adressée au président de la République, dont nous détenons une copie, un groupe de travailleurs dénonce une distribution « conduite dans l'opacité la plus totale, dénuée de tout sens de responsabilité et d'équité ». « Des logements ont été attribués à des jeunes filles célibataires, récemment recrutées. Des logements ont été octroyés à des cadres retraités depuis longtemps ayant déjà bénéficié lors de leur exercice. Des membres de la commission d'enquête, censée être neutre, se sont auto-attribués des logements, faisant fi de toute éthique », sont entre autres manquements cités dans la lettre. Le mécontentement est né de la première attribution qui a eu lieu en 2008 après l'affichage d'une liste de 64 noms, dont nous avons une copie, un simple tableau tombé du fax sans mention d'officialité. La seconde attribution se fera, elle, sans affichage. On prendra connaissance des heureux bénéficiaires au fur et à mesure que leurs noms tombent. Ce qui nourrit toutes les suspicions. « Les bénéficiaires ont tout simplement été contactés par téléphone ou par le biais du bouche à oreille pour aller récupérer leur décision d'attribution », s'est plaint par écrit, auprès de Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, en octobre 2009, Benzaïd Omar, un agent d'intervention qui cumule un quart de siècle d'exercice à la DRGB. On l'a appelé par téléphone pour l'informer que son nom, sélectionné une première fois, avait été remplacé par un autre. La direction des affaires sociales a déplacé une commission d'enquête à Béjaïa et à laquelle ont participé des syndicalistes locaux. « Une tromperie », estiment les travailleurs mécontents. Contacté, le secrétaire général de la section syndicale de la DRGB nous invite à voir plus haut. Soit au niveau de la DOS. « C'est un règlement de comptes entre syndicalistes et on ne veut pas s'en mêler », nous répond, au téléphone, M. Bendris, directeur de la DOS. « Ce n'est pas réservé aux travailleurs de Béjaïa. Et puis, il y a eu une commission paritaire et des enquêtes. Il y a des mécontents aussi à Skikda, Oran, Alger… », nous dit-il, notant que Sonatrach est en train de solder ses derniers programmes de logements.