« La justice française est raciste et elle est influencée par le gouvernement et l'Etat », c'est en ces termes que Roland Pouira Oldham, président de l'association Mururoa e tatou (Mururoa et nous) a marqué son aversion face au traitement par la justice française du dossier des essais nucléaires. Appartenant à une zone qui a servi de terrain d'essais nucléaire, le Polynésien, Roland Pouira Oldham, affirme que le combat demeure et continuera jusqu'à rétablissement de la vérité. « Nous voulons justice, vérité et réparation », clame-t-il en notant que devant la justice française, un Polynésien, un militaire ou un Algérien ne peut être considéré comme un Français qui réclame ses droits. « La justice française est incompréhensible, inaccessible, inégale et discriminatoire. Malgré les preuves scientifiques et juridiques, la justice demeure influencée par l'Etat qui a le monopole du pouvoir, mais c'est un combat qu'il faut mener pour nous, pour notre planète et pour nos enfants », note le conférencier qui a qualifié la loi Morin sur l'indemnisation des victimes de « mascarade ». « C'est une loi insuffisante, on nous prend pour des idiots, on aura tout le temps de mourir avant d'être indemnisés », dit-il. Et d'ajouter : « En France métropolitaine, des Français ont gagné des procès, mais pour nous Polynésiens dont ceux ayant travaillé dans des sites d'essais et la plupart ne parlant pas français n'ont pas gardés les documents prouvant qu'ils y ont travaillé et donc ne peuvent être indemnisés », indique Pouira Oldham en notant que sur 8 dossiers présentés à la justice de personnes exposées directement, 5 victimes sont mortes et 3 sont dans un état critique. Evoquant les conséquences sur l'environnement, le même orateur note que les fuites de gaz ont provoqué des failles dans le récif dépassant les 2 mètres alors que la France évoque juste une fissure de 20 centimètres. A noter que 193 essais nucléaires ont été commis en Polynésie. « Nous, habitants des îles, sommes appelés les grains de sable, et aujourd'hui les grains de sable des îles se joignent aux grains de sable du désert algérien pour nous battre et pour nous rendre justice », lance l'orateur en ajoutant si le mur de Berlin est tombé, celui du silence, du secret et de l'injustice doit aussi tomber.