Photo : S.Zoheïr Par Mekioussa Chekir «La justice française est raciste et je pèse mes mots», a déclaré hier le Français d'origine polynésienne M. Roland Pouira Oldham qui a pris part aux travaux du Colloque international sur les essais nucléaires français en Algérie en sa qualité de président de l'association Morura e Tatou. Ce dernier est venu témoigner des atrocités vécues par ses compatriotes suite aux mêmes essais perpétrés par la France coloniale sur le sol polynésien. Mais, dira-t-il, c'est surtout en tant que solidaire des victimes algériennes qu'il s'est adressé a eux pour leur demander d'unifier leurs rangs avec les leurs en vue d'arracher leurs droits en termes de reconnaissance et d'indemnisations. Et de préciser à son auditoire que l'océan Pacifique a été le théâtre d'un concentré d'essais nucléaires en si peu de temps. En dépit de l'importance des conséquences de ces essais, regrettera-t-il, il demeure difficile de pouvoir faire quoi que ce soit devant le monopole de l'Etat français qui s'arroge le loisir de proposer des lois sans pouvoir s'y opposer. C'est un combat difficile à mener mais qu'il faut entreprendre pour vos droits, pour le futur, pour vos enfants et votre environnement. C'est un combat qui vaut d'être mené, insistera-t-il à l'adresse des Algériens. Il dira sa révolte de voir beaucoup de scientifiques, de politiques vouloir occulter et cacher la vérité. «Le plus grave, c'est le mensonge même lorsqu'on apporte des preuves ; la justice française est influencée par le gouvernement. C'est du moins le cas pour la France. C'est une justice incompréhensible pour les Polynésiens, injustice à leur égard et discriminatoire. Que vous soyez Polynésiens, Algériens ou métropolitains, civils ou militaires, vous n'êtes pas traités de la même manière. Des peuples, des soldats, des travailleurs ont été sacrifiés lors de ces essais alors que ceux qui les ont organisés savaient tous leurs conséquences. Nous, nous savons que nous voulons la vérité, la justice et la réparation. Je pense qu'il s'agit de la même chose pour les Algériens. Cela, même si les relations algéro-françaises sont peut-être plus compliquées.» Et d'affirmer qu'en dépit des documents classés secret défense qu'ils ont pu soustraire à l'armée française, l'Etat français continue de renier ses responsabilités vis-à-vis des victimes polynésiennes. «Il y a des métropolitains qui ont pu gagner des procès mais la majorité des Polynésiens ne sont pas en mesure de présenter des preuves matérielles de leur contamination même s'ils étaient présents sur les sites lors des explosions car ils ne savaient pas lire le français et ont détruit les documents qui sont des pièces essentielles à fournir à la justice française. De la sorte, on aura tout le temps de mourir avant d'être indemnisés», ironisera l'intervenant avant d'estimer incomplète la loi promulguée récemment par le gouvernement français et portant indemnisation des victimes des essais nucléaires français en Polynésie et en Algérie. L'intervenant aura par ailleurs, une pensée pour les soldats français enrôlés malgré eux dans l'aventure de ces essais et leur demandera de ne pas culpabiliser car ils n'ont fait que répondre présents à l'appel de la patrie, laquelle patrie s'est malheureusement avérée coupable de crimes de guerre.