L'enquête sur cette tragédie est confiée à la Brigade de recherche et d'investigation (BRI), une des plus performantes en la matière. Trois balles ont suffi au colonel Choueib Oultache pour tuer son patron, Ali Tounsi, jeudi dernier. Tout s'est passé tellement vite que personne ne voulait croire que le directeur général de la Sûreté nationale avait été assassiné par son ami de carrière, un de ses plus proches collaborateurs et son voisin. Celui qu'il a arraché à sa traversée du désert après sa mise à la retraite, pour lui confier la direction de la toute nouvelle unité de surveillance aérienne. Que s'est-il donc passé entre 10h45 et 11h, dans le bureau de Ali Tounsi, au siège de la Sûreté nationale, à Bab El Oued ? Selon de nombreux témoignages, personne ne s'attendait à une telle tragédie en cette matinée lorsque les trois cadres – le directeur de l'administration générale, le chef de sûreté de wilaya d'Alger et le colonel Oultache – ont été convoqués par le directeur général. L'objet : la notification de la décision de suspension du colonel. Une fois arrivés, c'est le colonel qui entre le premier. Il n'a pas l'air d'un homme en colère. Ses collègues affirment qu'il était dans un état « tout à fait ordinaire ». De plus, disent-ils, « ses relations proches avec le DG ont fait qu'il ne passait jamais par le protocole quand il venait le voir au bureau. Il entrait comme s'il était chez lui. Ils ont en commun des années d'amitié et résidaient dans le même quartier ». Une fois dans le bureau de Ali Tounsi, dès qu'il apprend la nouvelle de sa suspension, le colonel exhibe le journal Ennahar, qui, dans son édition de jeudi, annonçait son départ « pour malversation ». Les deux hommes échangent des vociférations et des accusations mutuelles de « trahison », eux qui étaient très proches depuis des années. Oultache quitte le bureau. A peine quelques pas, il fait demi-tour et tire trois balles en direction de Ali Tounsi avant de ressortir en pointant son arme sur ses deux collègues qui accourent. Le chef de sûreté de wilaya tente de le maîtriser en se jetant sur sa main, le colonel lui assène un coup de crosse sur la nuque et la scène tourne à la prise d'otage. A ce moment précis arrivent les gardes du DGSN qui tirent pour le neutraliser. C'est la confusion totale. Personne ne sait si la balle qui l'a tué est celle de son pistolet ou celle de ses collègues. Le bâtiment de la DGSN est alors encerclé, alors qu'il était dès les premiers coups de feu fermé, y compris aux policiers. Des renforts et des ambulances affluent et donnent l'image d'un immeuble assiégé, laissant libre cours aux plus folles rumeurs. Le ministre de l'Intérieur et le wali d'Alger se pointent moins d'une demi-heure plus tard. A 11h30, la nouvelle a déjà fait le tour de la capitale. Ali Tounsi est déclaré mort alors que le colonel l'est cliniquement. L'institution policière est mise en état d'alerte maximale. L'enquête sur cette tragédie est confiée à la Brigade de recherche et d'investigation (BRI), une des plus performantes en la matière. Ayant compétence nationale, elle a été créée par Ali Tounsi en personne pour enquêter sur les affaires les plus graves du banditisme, de la grande criminalité et du terrorisme.