Test réussi pour la « journée sans immigrés ». Des centaines de personnes se sont rassemblées à l'appel du Collectif 24 heures sans nous. Tous unis pour crier leur ras-le-bol de la stigmatisation des immigrés. Paris De notre correspondant Y'en a marre, y'en a marre ! Les immigrés ne sont pas un problème, ils sont la solution ! » L'appel a été bien entendu. Des centaines de personnes ont convergé vers l'Hôtel de Ville de Paris. Etudiants, artistes, retraités, chômeurs… étaient présents pour donner un signal fort à la France : « Nous sommes créateurs de richesses et non un problème. » La date du 1er mars a été choisie car elle marque le 5e anniversaire de l'entrée en vigueur du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (Ceséda), qui instaurait une immigration « choisie » sur des critères économiques. Une ambiance joyeuse règne sur le parvis de l'Hôtel de Ville. Un homme, avec un luth et une sono improvisée, crée un attroupement en jouant les vieux airs d'Akli Yahiaten. Immigrés et enfants d'immigrés font quelques pas, heureux d'être ensemble, de partager des moments de complicité. « C'est la première fois que je participe à une manifestation. C'est ma fille qui m'a convaincue de venir. Je trouve que les filles ont plus de courage et de cerveau. Je suis vraiment heureuse. Mon mari aurait été content d'être là. Il avait travaillé toute sa vie comme un esclave pour un salaire de misère. La vie nous a humiliés mais on se taisait, juste contents de vivre en France. La dignité n'a pas de prix », confie Aldjia, arrivée en Moselle en 1963. « On a grandi avec le souci de l'invisibilité. Nos parents n'arrêtaient pas de nous dire de passer inaperçus, de ne pas faire de vagues. On était des Français honteux, complexés. Et depuis quelques années, on étouffait en silence de la stigmatisation, du mépris des hommes politiques. La droite nous prend pour des boucs émissaires et la gauche manipule nos sentiments. La France ne serait rien sans ses immigrés », tranche Chafika, la fille d'Aldjia. Le collectif, lancé en juin dernier, a calqué l'idée de boycott économique (24h sans consommation et sans travailler) sur un mouvement de protestation mené par les Latino-Américains aux Etats-Unis en 2006 contre la politique d'immigration. Ses fondateurs ont décidé de passer à l'action après les propos lancés par Brice Hortefeux à un jeune militant d'origine maghrébine lors de dernière université d'été de l'UMP : « Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes. » Le ministre s'est ensuite défaussé en disant qu'il visait les Auvergnats. Les sans-papiers africains, présents au rassemblement, réclamaient la démission du ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale. L'impact de cette journée est difficilement quantifiable économiquement et encore moins politiquement. « Il est difficile de mesurer l'impact de notre appel à cesser de travailler ou de consommer pendant 24 heures. Ce qui est certain, c'est que ce mouvement a eu un impact qualitatif sur la société française et a notamment contribué à changer le regard sur l'immigration », explique Peggy Derder, vice-présidente du Collectif 24 heures sans nous.