Depuis quelques années, les deux pays entretiennent des relations très tendues, qui se traduisent par des déclarations pour le moins inopportunes, sinon virulentes. Si cette fois-ci, elles réagissent aux propos de Abdelkader Messahel, les autorités marocaines attaquent souvent l'Algérie, l'accusant tantôt d'être derrière le conflit du Sahara occidental, tantôt d'être derrière les flux migratoires vers le territoire marocain. En avril dernier, le ministère des Affaires étrangères algérien avait convoqué l'ambassadeur du royaume du Maroc, Lahcen Abdekhalek, auquel il avait signifié un rejet catégorique des «allégations mensongères» marocaines faisant porter à l'Algérie la responsabilité d'une expulsion de ressortissants syriens vers le territoire marocain. Un mois après, Abdelkader Messahel a convoqué une nouvelle fois l'ambassadeur du Maroc pour lui faire part des «vives protestations» de l'Algérie suite au «harcèlement», de la part de membres de la délégation marocaine, dont a été victime une jeune diplomate, membre de la délégation algérienne au séminaire du comité des Nations unies sur la décolonisation, qui s'est tenu à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du 16 au 18 mai 2017. «Ces provocations contre la diplomate algérienne ont amené les autorités de Saint-Vincent-et-les-Grenadines à lui assurer une protection personnelle rapprochée», a soutenu le communiqué du MAE. Le Maroc persiste et signe en réclamant à l'Algérie des excuses. Il faut dire que la position constante de l'Algérie en faveur d'un règlement du conflit du Sahara occidental dans le cadre de l'ONU dérange le régime marocain. A cela s'ajoute le refus quasi-catégorique de l'Algérie de répondre favorablement à la demande maintes fois formulée par le roi Mohammed VI de rouvrir la frontière terrestre entre les deux pays. Une frontière qui a été fermée de manière unilatérale par l'Algérie après avoir été accusée par le royaume marocain d'avoir été derrière les attentats de Marrakech en août 1994. Le roi Mohammed VI attaque de manière virulente et constante l'Algérie dans ses discours officiels. Et dans toutes ses attaques, il pointe d'un doigt accusateur la responsabilité de l'Algérie dans l'échec de l'initiative marocaine d'annexion du Sahara occidental sous forme d'autonomie élargie. «L'heure de vérité a sonné pour dévoiler à la communauté internationale les affres de la répression, de l'intimidation, de l'humiliation et des tortures qui sont infligées à nos compatriotes dans les camps de Tindouf. La communauté internationale et les organisations des droits de l'homme doivent prendre leurs responsabilités en mettant un terme à la violation persistante des conventions internationales humanitaires par l'Algérie», avait déclaré Mohammed VI lors du 35e anniversaire de la Marche verte, accusant aussi l'Algérie d'instrumentaliser «honteusement» les libertés dont jouit le peuple marocain et de «porter atteinte» à son intégrité territoriale. Les provocations marocaines ne viennent pas que du roi. L'ancien ministre et secrétaire général du parti marocain Istiqlal, Hamid Chabat, avait réclamé l'annexion de Tindouf et de Béchar. Il faut dire que les propos de Abdelkader Messahel ne sont qu'un prétexte pour attaquer l'Algérie et pour tenter de la dénigrer au niveau international. Depuis la guerre des sables du 15 octobre 1963, date où le roi du Maroc, feu Hassan II, avait envoyé ses troupes militaires pour occuper Tindouf, les relations entre l'Algérie et le Maroc n'ont jamais été «normales». Quand elles n'étaient pas tendues, elles étaient froides.